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Devenir « auteur » de sa santé…

André Giordan

 

La santé, ce n’est pas que le soin, au sens que ce mot a pris dans notre société… Le champ des gestes de soins est « absorbé » par les professions dites « de la santé » (!). Difficile de s’en sortir ! Seul l’humoriste Devos pourrait nous y aider… Essayons de traduire ! En fait, ce qu’on nomme « la santé » traite essentiellement de la maladie : des pôles techniques au pôle thérapeutique de la cure ! Les soins sont devenus des « traitements » dont s’occupent les professions médicales ou paramédicales. On ne peut pas dire qu’ils nous fassent toujours du bien !
Il est un autre domaine, appelons-le « le soin de soi » qui existe, du moins qu’il s’agit de faire exister… en lui-même, et non comme sous-produit de la médecine. Pour le distinguer, le terme de « souci de soi » (1) comme défini par le philosophe Foucault ou celui de « bien-être » s’il n’était pas autant galvaudé par les magazines féminins et les pseudothérapies à la mode seraient les bienvenus ! Alors parlons plutôt de « bien-aise » ou pourquoi pas « d’art de vivre », de « félicité » ou de… « sérénité » pour parler de ce qui nous fait du bien…

Le « souci de soi » n’est en rien en lien direct avec la médecine, cette discipline peut seulement fournir qu’une partie des données –quand elles sont attestées- pour conserver ou retrouver la santé ou pour vivre en santé avec une maladie. Le souci de soi ou mieux la sérénité, elle, est habituellement envisagée comme un état de calme, de tranquillité, de confiance sur le plan de l’esprit. Pourquoi ne pas l’étendre à l’ensemble du corps ? Elle est affaire de ressentis satisfaisants, de connaissance de soi, de travail sur sa personne et en particulier sur ses valeurs : « à quoi je tiens ? », « qu’est-ce qui me porte ?, qui m’habite ? ». La sérénité est également affaire de relationnel, l’humain n’existe pas sans l’autre, sans les autres dans une tribu, un groupe d’amis ou une société. Diverses ressources sont ainsi à convoquer pour la conforter : l’éthique, l’anthropologie, la psychologie, la biologie, l’épistémologie, l’écologie, la sophrologie, la didactique, les approches physiques de corps, sans oublier les massages, la respiration et pourquoi pas la méditation…

Une approche autre

En matière de soin de soi, pas question par exemple d’en rester aux seuls oukases de la diététique. En trente ans, les « bons » conseils ont changé 3 fois ! Il fallait supprimer le pain ou les sardines à l’huile. Les voilà réhabilités. Pour moi, contrairement à ceux qu’on trouve dans les articles bien pensants, je peux prendre un thé noir comme tisane pour m’endormir ! Je peux manger des pommes, des oranges le soir ou encore regarder un film à la télévision et m'assoupir !
Demandons-nous d’abord quelle est la légitimité des conseils « santé » ? Sont-ils attestés ou sont-ils le produit de quelques lobbies. Comme ces informations qui nous imposent de boire plus que de raison : « Buvez un litre et demi au quotidien », « Boire et éliminer », « Buvez pour maigrir », etc.. La bouteille d’eau permanente à la mode entraine de grandes mictions, en d’autres termes des « pipis » trop fréquents ! Ce sont des pertes considérables en sels minéraux et oligoéléments ; autres sources de revenus pour l’industrie pharmaceutique qui vend par là, avec force battages dans les magazines, des alicaments ou autres compléments alimentaires, alors qu’on peut éviter de perdre sels et oligoéléments et que ces derniers se trouvent facilement dans les aliments habituels. Apprenons plutôt à mirer les urines comme au XVIIème siècle pour voir si elles sont trop concentrées ou trop claires ; et par là boire en conséquences. Ni trop peu, ni trop, juste pour que nos urines ne soient pas trop foncées !…  Ou fions-nous à notre simple ressenti : la soif !
Essayons ainsi de repérer ce qui correspond au mieux à notre propre équilibre… Chacun de nous est unique, il possède une génétique, une histoire immunologique, culturelle différente. Il vit dans un contexte spécifique. Le plus important n’est-ce pas de découvrir ce qui nous convient, ce qui nous fait du bien ? Non pas seulement sur l’immédiat, mais sur la durée. La proposition de cette nouvelle approche est simple : insuffler une démarche d’écoute et de recherche de soi. Faire que chacun soit « auteur » de son propre bien-être…

Bien sûr, il existe quelques fondamentaux sur le corps à connaître. Tout n’est pas à rejeter dans les apports des disciplines classiques : bien manger, bouger, éviter les addictions, limiter les stress. Mais encore faut-il prendre du temps pour soi, se relaxer, se faire masser, ajouter du soleil avec modération, quelques plaisirs au quotidien et la fête de temps à autre. Principalement, notre sérénité dépend de notre capacité à nous traiter avec douceur et bienveillance.
Le moral tient une place considérable dans la santé, et dans la guérison éventuelle. Un « travail » sur soi est alors à entreprendre pour se donner une direction, un chemin –on parle plutôt de sens aujourd’hui- à notre existence.

Reste le passage de la théorie à la pratique… Pour commencer, arrêtons de nous donner des excuses : « j’ai trop de travail », « je n’y arrive pas »… Pensons plutôt, est-ce que je m‘organise bien ? N’est-ce pas plutôt une excuse que je me donne pour exister aux yeux des autres, à mes propres yeux ? Evitons également la surconsommation habituelle de médicaments. Pour les bobos quotidiens, les remèdes sont le plus souvent inutiles et dangereux. Ils ne sont jamais inoffensifs, les effets collatéraux, comme disent les militaires, sont multiples. Quels bénéfices peut-on en tirer par rapport aux risques possibles (2) ?
En aucune manière, je ne souhaite imposer ma méthode, mais simplement partager, échanger mon expérience, mes questionnements, mes réussites et mes limites (3). Quand je parle de moi, c’est uniquement pour dire qu’autre chose est fort possible ou simplement faire des suggestions qui sortent de l’habitude.
A vous d’essayer… et à prendre ou à laisser…

 

Pour en savoir plus

André Giordan, 30 ans sans médicament ou comment devenir son propre coach santé, Lattès, 2015


1. On pourrait utiliser le terme « care » s’il n’avait pas dans le débat américain plusieurs acceptions : soin, souci, sollicitude, dévouement. Quelque part entre éthique, philosophie et projet politico-personnel, il devient difficile de le cerner.

2. Pas d’intégrisme cependant, les médicaments sont indispensables pour les pathologies graves.

3. J’ai été confronté, à 35 ans, à l’impuissance de la médecine qui ne parvient pas à soulager mes graves épisodes fiévreux. Ayant épuisé tous les recours médicaux et médicamenteux, je décide de mieux écouter mon corps et je mets au point ma propre stratégie de guérison. Mes études des processus biochimiques du corps, ma curiosité permanente m’ont permis de vivre sans médicaments pendant plus de trente ans.