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Eloge du poil
André Giordan
Article paru dans un Magazine feminin suisse romand
Un grand singe presque nu
Les hommes présentent des apparences fort diverses. Certains exhibent d’énormes bacchantes, d’autres d’impressionnantes barbes. D’autres se dotent d’étranges chevelures hirsutes ou gomminés, d’autres encore ont désormais la boule à zéro. Volontaire ou involontaire, tout se joue à quelques poils près...
Malgré leur faible “taille”, de l’ordre du dixième de millimètres, les poils ne nous indiffèrent jamais. Trop ici pour les uns, pas assez là pour les autres, la coupe et la répartition des poils sur le coprs ont toujours été un élément de la personnalité, mais pas seulement. Une fonction sociale, spirituelle, individuelle ou collective se traduit par... quelques poils.
Mai 68 a libéré les poils, y compris chez les femmes. Dans l’histoire, raser la tête ou le pubis d’un homme, c’était l’humilier, se raser soi-même était un signe d’humilité. Aujourd’hui, l’histoire semble aller à rebours, on fait la chasse aux poils...
Il est vrai que les Hommes et les poils ont une longue histoire commune. Pendant plus de trois millions d’années, nos ancêtres ont couru la surface de la Terre, le corps recouvert d’une immense fourrure. Qu’est ce qu’une fourrure ? Sinon d’innombrables petits poils serrés les uns contre les autres.
Et puis, depuis les 200 000 dernières années, tout a changé radicalement. Pendant que les poils de nos membres et de notre tronc se sont étiolés progressivement, ceux de notre tête se sont mis à foisonner dans tous les sens pour constituer barbe, moustache et longue chevelure.
Pourquoi ? Mystère... Le plus grand brouillard de la science. “La perte du pelage est un inconvénient et probablement un préjucide pour l’homme, car il est exposé à la brûlure du soleil et à de soudains refroidissements dus à l’humidité” s’exclamait le promoteur de la théorie de l’évolution, Charles Darwin.
Depuis toutes les théories avancés pour expliquer cette perte, comme le fait d’échapper aux tiques, d’augmenter l’effet de séduction, la prévention de l’élévation de la température due aux grandes chasses ou encore sa naissance à l’état de foetus se sont révélés très vaines. Elles n’ont convaincu personne. Il faut si faire ; on ne sait pas toujours expliquer les choses les plus immédiates, les plus naturelles !
On peut juste se contenter d’imaginer à quoi pouvait ressembler nos lointains ancêtres. Les autres animaux ont dû nous trouver bizarre, très bizarre ! Qu’est ce que ces Primates courant nus sur leurs pattes de derrière, le visage tout ébourriffé ?..
Mais pourquoi, tous les poils n’ont-ils pas tous disparu ? Pourquoi nous en reste-t-il quelques uns, nichés de ci, de là, à la surface de notre peau ou à l’orifice de nos tuyaux ?.. Poils au nez, aux oreilles ou à l’anus...
Là, tout devient un peu plus clair ou presque... Les poils conservés nous sont très utiles : parure, détecteur, protecteur, capteur, le poil nous sert et nous dessert... Comment se défendre avec une longue barbe et de longs cheveux faciles à empoigner ? Comment parader avec quelques poils épars sur la tête ? Les Hommes se sont alors mis à domestiquer leurs poils. Ils ont coupé, taillé, décoré leurs divers poils, les portant plus courts pour les uns que leur taille naturelle, les éradicant pour les autres.
Les épilations sont de tous temps...Le poil serait-il alors un signe de rusticité dans une société qui se veut de plus en plus clean ? La culture voudrait-elle prolonger l’évolution biologique ? Ne va-t-on pas trop loin dans notre chasse au poil ? Heureusement notre fascination pour une tignasse luxuriante ou une toison abondante demeure très forte comme si nous gardions une certaine nostalgie de notre fourrure primitive.
Le poil ne résume-t-il pas l’homme dans ses paradoxes ? Etre poilu signifie toujours être “masculin” ; ne devient-on pas homme quand du poil pousse au menton ? Le poil reste toujours le symbole de la puissance et de la virilité... Même si certains se les rasent ou se les coupent pour paraître encore plus fort !
La sexualité, symbole des symbole, ne pouvait dès lors que s’en emparer !.. Moustaches, barbes, torses velus, et ainsi de suite..., sans oublier les cheveux que la mode ne cessent de festoyer sont autant de signal sexuel, visuel ou odoriférant, dans la recherche du partenaire.
Que de poils ! Que de poils !
A part quelques zones glabres, la paume des pieds et des mains, le dessous des bras, les yeux et le bout du pénis, les poils sont partout, plus ou moins longs, plus ou moins fins, plus ou moins frisés.
Les ongles -tout comme les grifffes chez les animaux- sont aussi des poils, mais des poils collés les uns aux autres... De près, on distingue bien les multiples poils qui le composent. Ils constituent autant de fins traits à sa surface.
Les cheveux
Les poils qui recouvrent le crâne de l’homme sont les plus longs et les plus luxuriants, sauf exception désormais célèbre avec Socrate ou Confucius jusqu’à un certain goal de l’équipe de France.
Leur nombre habituel tourne autour de 100 000 à vingt ans pour décroître ensuite. Pour une raison inconnue, peut-être leur finesse, les chevelures claires sont plus abondantes que les brunes ou les rousses. Un blond possède 130 000 cheveux environ, un brun 98 000, un roux, moins de 80 000
La pousse des cheveux varie avec les saisons -ils poussent plus l’hiver- et l’âge. Elle est en moyenne de 0,35 mm par jour pour une durée de vie moyenne de 6 ans. Il n’y a aucune différence anatomique entre les cheveux des hommes et des femmes. Tout est affaire de coiffeur et donc de culture.
Les moustaches et la barbe
Dans toutes les cultures, on a tendance à distinguer les poils situés entre la bouche et les narines : les moustaches et ceux des joues et du menton : la barbe. On peut raffiner dans le vocabulaire et parler de bouc pour le menton ou encore de favoris pour les tempes.
Reliquat des temps anciens, leur nombre n’est pas négligeable, plus de 50 000. Les poils rasés repoussent sans cesse. L'épilation, pour être efficace, doit détruire le bulbe du poil. Les follicules morts ne se renouvellent pas.
Les cils, les sourcils et les poils du nez et des oreilles.
Au nombre respectivement de 500 (cils), 1000 à 2000 (sourcils), 800 (poils du nez), 200 poils des oreilles, tous ces poils ont la caractéristique commune d’être un plus épais.
Les poils des aisselles, du pubis et de l’anus
Plus longs, plus denses et plus frisés, ces poils sont au nombre de 2000 environ pour les aisselles, 50 000 au pubis et un millier autour de l’anus.
Les poils du corps
Répartis de façon plus ou moins dense, leur nombre total avoisine les 200 000 pour les moins poilus des hommes pour culminer à plus du million pour les hommes-singe.
Leur taille est très variable suivant les lieux, elle varie entre un et 3 centimètres, parfois plus.
La vitesse à laquelle poussent les poils dépend de l’âge et de la santé. Chez les jeunes gens en bonne santé, c’est entre 15 et 25 ans qu’ils poussent le plus vite : 0,4 mm par jour. Ensuite, tout est plus lent, de même que par temps froid.
Au cours d’une vie, trois sortes de poils se succèdent :
- le lanugo, très fin, frisé, non pigmenté, qui couvre le foetus et tombe au septième mois de la grossesse pour être remplacé par
- le duvet, également incolore, doux au toucher et ne dépassant pas 2 cm de long, puis
- les poils définitifs. Une partie du duvet ne se transforme en poils définitifs qu'au moment de la puberté.
Des poils partout mais pour quoi faire ?
Contrairement à ce que voudrait la mode, les poils ne nous sont pas indifférents. Ce ne sont pas de simples suppléments d’âme comme les étale le célèbre tableau de Courbet, l’origine du monde présenté actuellement au musée d’Orsay. Ils ont de multiples usages pour la bonne santé du corps. Certains nous sont mêmes indispensables. N’est ce pas une hérésie de vouloir les supprimer à tout prix ?
La protection. Les poils protègent le corps, à commencer par les parties génitales contre les irritations dus aux frottements que pourraient engendrer une sexualité trop musclée !
Mais pas seulement, les jambes et les bras sont également protègées contre les irritations dues aux frottements, hier des feuillages dans la forêt primitive, aujourd’hui des vêtements.
Certains font dans la protection plus rapprochée, les cils et les sourcils protègent les yeux respectivement des poussières ou de la sueur. Les poils du nez et des oreilles ont aussi une fonction appréciable, ils font barrage aux poussières et aux insectes à l’intérieur des narines ou des conduits auditifs.
La détection à distance. Bourrés de récepteurs, ils sont très sensible aux petites vibrations. Pensez aux vibrisses du chat -ce sont également des poils-, ils sentent à distance la présence d’un corps étranger : un insecte avant qu’il ne nous pique, par exemple.
C'est eux également qui détectent une chaleur intense et déclenchent le réflexe de recul. Il vous est sûrement arrivé de brûler vos poils avec une allumette sans que votre peau ne le soit.
La sensibilité tactile. Les poils font partie intégrante du sens du toucher. Grâce aux réseaux nerveux ramifiés entourant les follicules pileux, les poils participent aux sensations tactiles. Leur présence intensifie pleinement le ressenti des caresses.
La douceur de la peau. Chaque poil est associé à une glande sébacée. Ces glandes sécrètent un sébum, une huile qui lubrifie et assouplit la peau. Le poil sert alors à faire écouler l'huile vers la surface de la peau et à l'étendre. C'est ce qui permet d'émollier la peau et ainsi obtenir une peau douce au toucher.
La régulation de la température. Thermomètre avertisseur du système nerveux, les poils sont sensibles aux variations de température. Ils détectent plus rapidement et de manière précise le changement de climat. Ces informations sont essentielles pour que le corps réagisse rapidement à une variation brusque de température.
Dans le même temps, ils protègent des pertes de chaleur l’hiver (notamment les cheveux, car la chaleur monte...) ou conservent plus longtemps l’été la sueur pour permettre un refroidissement plus efficace du corps. Les poils jouent le même rôle qu'un T-shirt pendant une canicule l'été. En absorbant la sueur, ils ralentissent l'évaporation et préviennent ainsi la déshydratation. Ce n'est pas pour rien qu'aux endroits du corps les moins exposés à l'air, soit aux aisselles et à l'aine, se retrouve la plus forte densité de poils.
L’information sexuelle. Il ne faut douter de rien, les poils font également dans l’information sexuelle. Symbole visuel varié en matière de sexualité (voir par ailleurs), ils informent également et subrepticement l’entourage. A leur base, et plus particulièrement pour les poils des aisselles et du pubis, sont associés des glandes à phérormones. Ces dernières sont des signaux olfactifs différents des odeurs qui agissent inconsciemment pour nous permettre de détecter des partenaires potentiels.
Après autant de qualités, direz-vous encore que les poils ne servent à rien ou vous ennuient. N’est ce pas un scandale de vouloir les éradiquer ? Ne faut-il pas plutôt apprendre dès l’enfance à vivre avec ?
Anatomie d’un poil
Si les poils attirent toujours l’oeil, le poil en lui-même n’est jamais objet d’intérêt. Dommage ! Ce n’est la faute que de nos yeux très imparfaits. Ils nous permettent pas d’entrer dans la finesse du détail. Au microscope, un poil apparaît comme un chef d’oeuvre d’architecture et de complexité, pas encore égalé... La connaître permet de mieux le respecter. On ne s’arrache plus les poils de la même façon ensuite !
Voyons de plus près. Un poil se compose d'une sorte de tige libre qui semble transpercée la a peau. C’est pile-poil le poil proprement dit, et d'une partie invisible enchassée dans le derme, la racine.
L’extrémité de celle-ci est renflée : c’est le bulbe. Là, le poil nait, se développe et grandit. Il y reçoit la nourriture apportée par les capillaires sanguins au travers d’une papille nourricière.
Et ce n’est pas tout. Un poil existe rarement seul, il vit entouré de multiples annexes. Une glande sébacée se trouvesouvent à son côté : c’est une usine à produire une crème protectrice pour la peau : le sebum. Un muscle érecteur l’accompagne également. Oui ! chaque poil est relié à un minuscule muscle ! Sa contraction, sous l'influence du froid, d'une émotion, est à l'origine du phénomène de la "chair de poule".
Sa base est encore bourrée d’électronique biologique. Là se trouvent nichées les multiples terminaisons des fibres nerveuses. Elles sont particulièrement sensibles à la chaleur et au contact. Leur rôle de récepteur tactile est stimulé par le changement de position du poil qui fonctionne comme un levier élastique.
Mais c’est dans le poil lui-même qu’est concentrée la plus haute technologie du vivant. Un poil n’est jamais un vulgaire bout de ficelle. Chacun d’eux est constitué de trois cylindres imbriqués finement de façon concentrique les uns sur les autres.
Du centre vers la périphérie, on les nomme : la moelle, l’écorce et la cuticule.
La moelle est constituée sur toute sa longueur du poil d’un quarteron de cellules en forme de polyèdre. L’écorce, elle, est particulièrement riche en cellules en forme de ballon de rugby, allongées dans le sens du poil. On peut en compter jusqu’à 50 000 dans un seul poil du pubis. Toutes sont très riches en kératine, une protéine de consistance fibreuse qui lui donne sa rigidité et en mélanine, un pigment colorant également la peau et dont la quantité donne une coloration plus ou moins foncée.
Enfin, la cuticule à l’extérieur, se compose d’une seule assise de cellules encore plus riches en kératine, imbriquées comme les tuiles d’un toit, de telle sorte que chacune recouvre la partie inférieure de la cellule située au dessous d’elle !
Poils, amour et sexualité
Avoir un poil dans la main n’est pas neutre ! Leur répartition, la présence ou leur absence non plus sur certaine partie du coprs non plus. C’est un caractère sexuel tout autant pour l'homme que pour la femme. Un corps bien poilu envoie un message très émotionnel de maturité sexuelle.
Le principal rôle que joue la pilosité dans la relation sexuelle est de stimuler la libido. Ils ont un grand pouvoir érotique à la vue, au toucher et à l'odeur. Les femmes qui se coupent les poils sous les aisselles, les jambes et autour du pubis font réagir émotionnellement l'homme au même titre qu'une fille pré-pubertaire le ferait. La femme avec des poils impressionne et suscite le respect. Une femme sans rondeur et sans poils, c'est moins menaçant. L'homme peut croire plus facilement la dominer. Ce n'est pas pour rien que sur les photos érotiques toutes les femmes sont rasées sur le corps à quatre-vingt-dix pour cent.
La pilosité permet dans le même temps une communication émotive par le toucher. Le poil de part sa grande sensibilité sert à ressentir les émotions de notre partenaire et s'il ou si elle s'abandonne au moment où il ou elle nous touche. Notre pilosité en nous informant sur l'état émotif de notre partenaire, nous permet de se rassurer sur les bonnes dispositions de celles-ci.
Finalement, le poil conserve les odeurs des aisselles et des parties génitales qui servent à faciliter l'abandon émotif, notamment grâce aux sataniques phérormones qui nous font réagir inconsciemment.
Le rasage, la tonte et l’épilation
Le rasage est une commodité très très ancienne. Les premiers humains à nous avoir laissé l'image de leur visage aux murs des cavernes du paléolithique sont rasés... Ils disposaient d'outils tranchants leur permettant de se couper barbe et moustache... et cheveux. La barbe n’était-elle très gênante pour des êtres debout sur leurs pattes arrières, ne serait-ce que par la prise qu'elle offrait lors des combats au corps à corps.
La barbe ne s’est donc maintenue que comme l’attribut des chefs, des sages ou des penseurs ; voire actuellement pour se protéger de quelques complexes !
La tonte capillaire masculine.
La tonte totale est infligée aux hommes, dans un contexte tantôt religieux, tantôt punitif. Etre contraint de se raser le crane a toujours été considéré comme un acte humiliant.
La tonte subtotale conserve une mèche longue, généralement occipitale. Elle est pratiquée sur les hommes, en pays asiatique et en contrée musulmane. La tonsure est une spécialité des catholiques romains. Elle intéresse soit toute la calotte crânienne soit uniquement le sommet occipital, le vertex.
Se raser soi-même est déjà un acte différent. Pour les moines, elle est un signe de soumission à Dieu. Dans notre société, un homme jeune qui se rasait le crâne le faisait plutôt dans un but de provocation.
La calvitie par contre a existé de tout temps. Considérée comme la “chute des illusions” et donc souvent masquée pour ne pas être le début de la vieillesse, elle est d’origine héréditaire. On connaît des familles de chauves. Toutefois un surplus d’hormones sexuelles mâles la favorise... On ne connaît pas d’ennuques chauves !
Depuis les figures légendaires de Yul Brynner et plus récemment de l’international Barthez, elle est devenue une mode.
L'épilation corporelle totale était infligée rituellement aux jeunes mariées, avant la nuit de noces coranique. Mais aussi en Inde, avant le mariage avec un aristocrate.
Actuellement la mode de l’épilation partielle se répand chez les hommes. Démarrée depuis fort longtemps sur les jambes des cyclistes, nombre d’hommes se mettent à la pratiquer. Les poils et les cheveux feraient-ils peur de nos jours ?
Comment l’expliquer ? Difficile à dire... Sans doute la recherche du clean, d’une soi-disant hygiène dont le poil serait l’antithèse ? Au moins que se soit une recherche désespérée d’une société androgyne où les hommes expriment leur côté feminin de façon outrageuse....
Cette nouvelle coûtume n’est pas sans conséquences néfastes. L’homme y perd beaucoup d'informations sur les changements subtils de son environnement (chaleur, humidité,..) qui lui permettent de bien s'y adapter.
Surtout l’homme qui s’épile y perd beaucoup de sensibilité tactile, il retire moins de plaisir à se faire toucher. Lors des rapports intimes, il y perd la sensibilité à détecter les émotions de sa partenaire.
Le poil-symbole
Les poils -leur présence ou leur absence sur le corps de l’homme, leur place ou leur importance- sont trop souvent considérés superficiellement. Il -ou elle parce que les femmes y sont plus sensibles- ne les voit que sous l’angle de la beauté ou de l’apparence.
Pourtant la pousse ou la chute des poils rythme toute une vie nous rappelle-t-il que nous sommes faits de sang et de chair-, toute notre vie. La poussée des premiers vrais poils marque la puberté, la coupe ou la perte -notamment des cheveux, mais pas seulement- marque irrémédiablement la fin de l’innocence ou de la jeunesse.
Chaque étape de notre histoire, la santé ou la mort est affaire de poils... en plus ou en moins. Ne se coupe-t-on pas les cheveux après un chagrin sentimental ? Ne change-t-on pas d’identité par une nouvelle moustache ou en supprimant une barbe ? Ne s’affirme-t-on pas -parce que notre rapport au poil est devenu très ambigu- par une nouvelle chevelure ou au contraire par des cheveux bien ras ?
L’homme n’est pas toujours capable d’expliciter la symbolique du poil. Est-on toujours au courant de ce que l’on fait au moment où on le fait !.. Mais que de charges affectives sur ces petits fils qui nous sortent de la peau... qui nous dépassent.
Notre pilosité est à la base de nombre de nos émotions fondamentales : la peur, le plaisir, la confiance, la jalousie ou la haine. Un simple poil sur un oreiller ou dans une baignore de chambre d’hôtel est vécu comme une des plus grandes agressions. D’ailleurs, on ne tolère que ses propres poils ou ceux de l’être aimé.
De tout temps, le poil a eu la puissance d’un signe. Dans l’Antiquité, les puissants arboraient de longues chevelures et de grandes barbes, le esclaves étaient tondus en signe de soumission. Depuis, le poil continue de jouer avec les codes ou avec les normes, avec le laid ou le beau, avec l’attirant ou le repousssant.
Rien d’étonnant que les plus jeunes s’ingénient dans la diversité des coupes, voire des couleurs pour symboliser la liberté ou le non-conformisme ! Après le baroque flamboyant des poils partout des années 70, y compris chez les femmes, l’éradication -de l’épilation à la boule à zéro- est un autre brouillage des codes usuels. Elle ne fait que refléter l’état d’une société qui proclame que tout est possible.
Mais n’est-ce pas qu’une illusion de plus ?... En tout cas, une fois de plus le poil a encore frappé... l’imaginaire social !
Paroles de femmes
Je déteste tout ce qui est poil de visage. La barbe, ça masque je ne supporte pas. Tous les barbus ont quelque chose à masquer.
la moustache est l’attribut le plus ridicule de la virilité que je connaisse. Is essaient de montrer que ce sont de vrais mâles ! De plus, c’est désagréable à embrasser.
Par contre, j’aime les poils sur le torse. Une poitrine glabe fait trop jeunot.
J’aime aussi les poils sur le bras et les jambes, mais pas trop. C’est très agréable à caresser.
Je ne supporte pas les poils au nez ou aux oreilles, j’ai envie de les arracher.
Les cheveux pas trop me plaisaient, j’aimais les toucher. Depuis ce week-end, j’apprécie les cheveux rasés courts, à condition qu’ils ne masquent pas une calvitie.
Michèle 27 ans
Je n’aime pas les mecs très poilus. Dans mon imaginaire, ce qui me gêne c’est sans doute l’aspect bestial. Je hais donc tous les hyperpoilus du torse ou des bras, c’est rédhibitoire pour moi. Ils n’ont aucune chance.
De toute façon, je préfère sentir la peau plutôt que les poils. Les poils empêchent de sentir la douceur, la chaleur d’une peau.
De même, j’aime plutôt les cheveux courts. Les cheveux longs font trop efféminés... J’aime passer les mains dedans quand c’est court. Mais pas les cheveux en brosse cependant. Ca pique avec un côté un peu trop militaire ! Mais je catégorise...
Ce qui ne veut pas dire que je veux les hommes sans poils. Un peu, pour la différence ! Tout ce qui est excessif me déplaît.
Sabine 21 ans
J’aime tous les poils. L’effleurement d’un cil est pour moi le frisson le plus fort, une sensation de légère dans une grande proximité. C’est comme la caresse d’une plume d’oiseau. J’adore sentir un battement de cils contre ma peau.
J’aime toucher les cheveux d’un homme. Quand je passe la main dans la chevelure, c’est pour moi un geste très tendre.
Mais ce qui m’attire le plus, ce sont les poils des aisselles ou du torse. A travers les poils, ce sont les odeurs. C’est une empreinte olfactive.
Et puis les poils pubiens, j’aime le toucher cette fois. La rencontre du sexe glabre et de la muqueuse de la bouche, celle de la main et de la peau poilue. C’est plein de sensations...
Carmen 37 ans
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