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      Education 
        scientifique et socle de connaissances 
         
        Cahiers pédagogiques, site novembre 2007Par le décret du 
        11 juillet 2006, il est heureux que l’Etat français mette 
        en place un processus pour énoncer « les connaissances et 
        les compétences que tous les élèves doivent avoir 
        acquises à la fin de leur scolarité obligatoire ». 
        Pour le ministre d’alors, « la définition du socle 
        commun (était) un acte capital pour l'avenir de notre système 
        éducatif ! Ce socle sera la base culturelle commune à tous 
        les Français, en même temps que la première étape 
        du processus de formation tout au long de la vie. Il engagera très 
        fortement l'Education nationale, à commencer par le ministre. Car 
        il lui imposera une véritable obligation de résultat ». 
        Une telle démarche devrait ouvrir sur une large réflexion 
        politique, au sens noble de ce terme, sur ce que l'école devrait 
        faire acquérir à tous : les savoirs, les savoir-faire (démarches, 
        méthodes), les savoir-être (attitudes,..), les savoir-vivre, 
        pour permettre à chaque élève de comprendre et de 
        s’insérer dans la société du XXIème 
        siècle.  
         
        Malheureusement, on peut craindre que ce décret ne réponde 
        que très partiellement et plutôt imparfaitement aux objectifs 
        visés. Dans les textes parus, on peut percevoir déjà 
        plusieurs travers. D’abord on constate qu’ils comportent des 
        listes-catalogues de connaissances, centrées sur des contenus fondamentalement 
        disciplinaires. De plus, ils recoupent les programmes actuels de l'école 
        et du collège, toujours maintenus au rang d’intouchables 
        ! La culture habituelle du ministère de l’éducation, 
        sa façon de réfléchir aux réformes, l’absence 
        totale de veille pédagogique conduirait-elle à une nouvelle 
        impasse, une de plus... A cela plusieurs causes ; en premier, les corporatismes 
        –disciplinaire, hiérarchique et j’en passe- sont partout 
        dans l’éducation française ; ils bloquent toute tentative 
        de réflexion… Ensuite, la société ne se pose 
        pas les « bonnes questions » sur l’école. Elle 
        se satisfait de l’existant, elle rêve de l’école 
        du passé, comme le confirment les derniers sondages ! Enfin, les 
        hommes politiques quelque soit leur parti sont pétrifiés 
        sur la question en raison du caractère "explosif" des 
        réactions du monde scolaire. Tous jouent la prudence extrême. 
        Ensuite la formulation de ces objectifs reste sur le mode injonctif, voire 
        moraliste concernant les attitudes à acquérir. Nombre d’entre 
        eux sont formulés de plus de façon irréaliste ; ce 
        que signifie être un élève, ses attentes, ses apprentissages 
        restent plutôt des inconnus pour les rédacteurs de ce socle. 
        Derrière, il n’y a manifestement aucune prise en compte de 
        l’évaluation de l’existant, soit en termes de carences, 
        soit en termes de réussites.  
        Et pardessus tout, ce processus dénote une conception dramatique 
        du changement. Tout le système éducatif a intégré 
        que le changement vient d’en haut. Et chaque ministre y va de sa 
        réforme ou plutôt de ses lubies. Prendra-t-on conscience 
        un jour des blocages et surtout du marasme créé par trente 
        ans de réformes non pensées sur le plan de la conception 
        et de la mise en place ? Sans compter les effets d’annonce qui se 
        contredisent. Pourtant, un peu de recul sur un passé récent 
        montrerait que le changement de l'école ne se décrète 
        pas !  
         
        Une réflexion plus large sur ce qu’il est nécessaire 
        d’apprendre reste à générer. Edgar Morin est 
        allé très loin dans cette direction en proposant 7 savoirs 
        transversaux. Nombre d’institutions, d’organisations internationales 
        ont réfléchi sur de nouvelles orientations. Des recherches 
        éducatives ont été entreprises sur ce plan, d’autres 
        systèmes éducatifs repensent leurs programmes. Pourquoi 
        n’en tient-on pas compte en France ? Quand arrêtera-t-on de 
        réinventer la roue entre soi ?.. 
        De ce corpus de données, plusieurs éléments permettraient 
        d’avancer. Déjà il faut sortir du diktat des disciplines 
        dominantes et organisées qui font que des pans entiers de savoirs 
        indispensables sont toujours absents du système éducatif. 
        Ce cloisonnement est pourtant un phénomène très exactement 
        daté. Il correspond à un état du savoir universitaire, 
        celui de la fin XIXème siècle... Aujourd’hui, ce choix 
        de savoirs est totalement inadapté. Le jeune reste un « illettré 
        » s’il ne maîtrise pas quelques grandes idées 
        de psychologie, d’économie, d’anthropologie, de droit, 
        d’urbanisme , etc. .  
        De plus, les problèmes actuels -ceux auxquels sont ou seront confrontés 
        notre société et nos jeunes- ne se posent plus à 
        l’intérieur d’une seule discipline. La recherche de 
        solutions pour l’environnement, par exemple, demande d’articuler 
        des connaissances provenant de domaines très divers. Mais ce qui 
        devient important, plus que des certitudes trans ou disciplinaires, ce 
        sont des démarches, des modes d’investigation, mêlés 
        à des attitudes telles que la capacité de s'interroger, 
        de mettre en connexion, d'inventer, d'élaborer, d’entreprendre, 
        etc.  
         
        Dans le même temps, ces disciplines dominantes sont à repenser 
        : les maths par exemple sont à alléger notablement, et surtout 
        à réorienter pour aborder les questions d’incertitude, 
        d’estimation, d’optimisation. Telles qu’elles continuent 
        à être envisagées dans le socle, elles ne fourniront 
        jamais les « outils pour agir, choisir et décider dans la 
        vie quotidienne » : on n’apprend toujours pas à poser 
        les problèmes par exemple. Pas plus qu’elles ne favoriseront 
        « la rigueur intellectuelle constitutive du raisonnement scientifique 
        » : on bloque la pensée des jeunes en développant 
        une logique linéaire, classique et des modes de raisonnement réflexes 
        qui n’ont même plus de sens en mathématiques. Elles 
        sont donc condamnées à prolonger des idées dépassées, 
        comme celle de « cohérence », à moins de reformuler 
        ce vocable autrement, de « solution » ou même de « 
        rigueur »… Il est des mythes qui ont la vie dure et qui perdurent. 
        Les mathématiques scolaires perpétueront dans la tête 
        des jeunes des algorithmes répétitifs aux dépends 
        de la créativité d’une réflexion pertinente 
        et d’une démarche dite de « complexité». 
         
        Sur le plan de l’enseignement des sciences maintenant, une première 
        interrogation se pose : ont-elles encore leur place dans un socle de connaissance 
        et de compétences ? Au risque de choquer quelques collègues, 
        surtout ceux qui réalisent nombre d’innovations motivantes, 
        la question se pose réellement. Pourquoi ce jugement plutôt 
        direct ? Parce que les programmes actuels, non seulement n’apprennent 
        « pas grand chose » aux élèves, du moins pas 
        l’essentiel. Mais surtout, parce que les choix faits et la manière 
        de les présenter les dégoûtent progressivement des 
        sciences. Ils disent y apprendre «des formules toutes faites» 
        ; ils y accumulent des «sommes de détails». L’acquisition 
        d’une démarche scientifique est évacuée, au 
        profit de l’apprentissage de définitions et de procédés 
        standards. 
        Un ensemble d’évaluations de cet enseignement le confirme. 
        Chaque année, nous organisons à l’université 
        des tests sur le niveau des étudiants, deux ans après un 
        baccalauréat scientifique. Les résultats ne laissent aucune 
        place au doute et ne peuvent que nous laisser songeurs. Prenons par exemple 
        l’ADN, un sujet largement enseigné en biologie et fortement 
        médiatisé. Deux à trois ans après l’épreuve 
        du bac, les confusions dans les esprits entre gènes, chromosomes 
        et ADN sont multiples, de même que les liens avec la fabrication 
        des protéines sont peu évidents. De l’ADN, ils n’ont 
        retenu que le nom ou plutôt… le son ! Comme en témoignent 
        les phrases ci-jointes sur « que veut dire ADN ? » : 
        ADN = 
        - « désamine nutro amine », 
        - « acide désory nitro », 
        « anime detroxy nucléique», 
        « acide desoxyribo mécanique »... 
        Les entretiens qualitatifs mettent en évidence des connaissances 
        fragmentaires : les élèves ne savent pas toujours à 
        quoi relier le concept d’informations génétiques. 
        Ils connaissent les règles d’appariement des bases, mais 
        confondent protéine et ADN. Cette dernière peut être 
        située dans le sang ou le cerveau ! En physique, c’est aussi 
        révélateur : ils se souviennent de quelques formules, de 
        même qu’en chimie. Toutefois leur signification, leur domaine 
        d’application leur est largement inconnu. Ainsi il leur est difficile 
        de distinguer : force, énergie, travail et puissance. La force 
        est souvent confondue avec la quantité d’énergie, 
        voire l’accélération. Et les obstacles sont partout, 
        à commencer dans les niveaux d’organisation de la matière. 
        Il n’est pas rare de trouver des cellules dans les atomes ou ces 
        derniers dans les particules élémentaires !  
        A la limite, ces questions de connaissances ne sont pas les plus graves. 
        Ce qui chagrine en premier est surtout le sentiment d’ennui et de 
        désintérêt qui ressort des entretiens. A l’école 
        maternelle, au début du primaire, les élèves arrivent 
        avec une infinité de questions. Progressivement, celles-ci disparaissent. 
        L’enseignement non seulement ne développe pas la curiosité, 
        l’esprit critique, mais enlève l’envie de comprendre 
        et le désir de chercher. Les enquêtes réalisées 
        en Europe montrent que les sciences font aujourd’hui partie des 
        matières scolaires les moins appréciées. L’enseignement 
        est jugé « trop obscur » : c’est pour les jeunes 
        une « science coupée du réel » et qui n'introduit 
        pas aux « modes de pensée pour affronter le monde de demain 
        ». « On n’y apprend pas les repères pour notre 
        époque ».  
        Plus grave encore, l’éducation scientifique est jugée 
        comme une « fabrique à exclure ».Nombre de jeunes adultes 
        ne voient en elle qu’un facteur de sélection scolaire, par 
        l’échec, au même titre que les mathématiques. 
        Rien d’étonnant alors que le nombre d’étudiants 
        dans les branches scientifiques soit partout en diminution. La physique 
        devient la branche la plus sinistrée : en Allemagne, on constate, 
        en 10 ans, une diminution de moitié des inscriptions en physique.En 
        France, moins 12% chaque année. En Grande-Bretagne, la situation 
        devient franchement alarmante et le renouvellement des chercheurs n’est 
        plus assuré . 
         
        Quels savoirs scientifiques pour des jeunes du XXIème siècle 
        ? 
        Pourtant, une culture scientifique et technique, auquel il faut ajouter 
        des dimensions comme une certaine approche de l’industrie, de la 
        santé, de l’environnement et du développement durable 
        est indispensable pour répondre actuellement à des intérêts 
        : 
        - sociopolitiques, c’est-à-dire de citoyenneté, 
        - pratiques (être autonome et pouvoir faire des choix éclairés 
        dans la vie quotidienne), 
        - opératoires sur le plan des façons de réfléchir, 
        pour distinguer données et croyances,savoirs et ignorances, 
        - métacognitifs, notamment sur le plan épistémologiques, 
        - éthiques (relations sciences, techniques, éthique et société) 
        et également 
        - ludiques (plaisir de connaître, d’entreprendre,..). 
        Or les programmes en usage ont été définis à 
        l’intérieur du « petit monde » des scientifiques. 
        Ils se déclinent au travers d’un rapport de force universitaire 
        en chimie, biologie, physique, décomposée pour cette dernière 
        en optique, thermodynamique, mécanique, etc.. Celui des jeunes 
        est tout autre.Environnement, pollution, nouvelles technologies, clonage, 
        manipulation génétique, santé, histoire de l’univers, 
        développement durable, éthique, sciences et société 
        sont leurs véritables préoccupations.  
        La première rédaction du texte sur le socle commun tente 
        de sortir de cette tradition, et on constate quelques ouvertures, mais 
        les habitudes sont bien tenaces ! Ce qui est premier reste la "Science" 
        au travers des savoirs établis à des fins d’une professionnalisation 
        spécifique … La relation entre les sciences et les jeunes 
        reste définie de façon linéaire, univoque et frontale. 
        En d'autres termes, tout est centré sur une "offre" d’une 
        communauté qui a besoin d’exister pour elle-même plutôt 
        que sur des demandes de savoirs pour comprendre. Les programmes, tout 
        comme le socle, définissent ainsi pour l’essentiel des savoirs 
        nécessaires pour former de futurs scientifiques, et non pas des 
        savoirs mis à disposition de la future personne et du futur citoyen 
        pour questionner et comprendre son corps, son environnement et la société 
        scientifico-technique dans laquelle il vit. 
        Pour sortir du marasme actuel, un changement de paradigme est à 
        introduire dans la relation pratiquée. Il s’agit de sortir 
        d’une corrélation implicite : savoirs scientifiques, techniques 
        --->élèves (indéfinis). 
        Un renversement devient indispensable dans le sens : 
        Jeune (personne, citoyen,..) ---> culture scientifique, technique, 
        industrielle, santé, environnement. 
        La priorité n'est plus d’enseigner les sciences pour elles-même, 
        mais au travers d’une démarche scientifiques ou techniques 
        d’introduire chez l’apprenant une disponibilité, une 
        ouverture sur les savoirs, une curiosité d'aller vers ce qui n'est 
        pas évident ou familier .  
        Pour préciser celle-ci et pour commencer à la rendre opératoire 
        dans un système éducatif tel qu’il existe, 5 ensembles 
        de priorités peuvent paraître importants : 
        - préalables pour une attitude scientifique, 
        - maîtrise de démarches d'investigation, 
        - développement d'une expérience "actuelle", 
        - organisation du savoir autour de concepts structurants, 
        - permanence d'un savoir sur le savoir. 
         
        1. préalable pour une attitude scientifique 
        L’émergence chez le jeune d'une attitude scientifique apparaît 
        prioritaire, et cela dès la plus jeune enfance. Celle-ci n’est-elle 
        pas plus importante que les connaissances factuelles qu'il pourrait engranger. 
        Ces dernières deviennent vite obsolètes face à l'évolution 
        permanente de ces domaines.  
        Il importe donc, avant tout, de former des esprits ouverts, capables de 
        s’interroger sur le monde ou sur eux-mêmes, de futurs citoyens 
        aptes à débattre des enjeux sociaux,. Pour clarifier ce 
        vocable, notons qu’il est regroupé sous ce terme, un ensemble 
        de comportements qui vont de la curiosité, de l'envie de chercher 
        à la prise de recul et à l'esprit critique, de la confiance 
        en soi à l'imagination créatrice, de l'envie de communiquer 
        à l'ouverture sur l'environnement. Ils constituent un facteur d'autonomie 
        et un moteur d’appropriation. 
        Bien que les divers éléments qui composent cette finalité 
        ne s'établissent de façon efficace que progressivement et 
        en interrelation avec la maîtrise des démarches et l'élaboration 
        des concepts, le développement de tels comportements est un objectif 
        en soi et demande des moments d’apprentissage particuliers.  
         
        2. Maîtrise de démarches d'investigation 
        Une autre composante primordiale pour rendre le savoir opératoire 
        est la maîtrise de démarches d'investigation. Parmi celles-ci, 
        prennent place en premier : la démarche expérimentale et 
        la maîtrise de l'information.  
        La démarche expérimentale a pour but d’introduire 
        le non-initié dans une dynamique de rechercher le savoir par lui-même, 
        d'inventer des explications possibles (hypothèses) et surtout de 
        les corroborer. Sur ce point, il importe d’insister sur la nécessité 
        de mettre en oeuvre des investigations multiples (observation, classement, 
        enquête, expérimentation, etc.). De plus, celles-ci ne doivent 
        pas en rester à la démarche analytique classique, mais préciser 
        les interactions, les effets contradictoires ou les synergies. 
        La maîtrise de l'information fait partie intégrante des démarches 
        scientifiques bien menées. Un scientifique passe 80% de son temps 
        de recherche à faire de la littérature ! Cette démarche 
        prend une place prépondérante dans les mécanismes 
        de fonctionnement des sociétés actuelles, notamment par 
        sa composante visuelle.  
        Par ailleurs, d'autres démarches nouvelles sont à introduire 
        dans un socle de base. Il s'agit d'abord de l'importance de clarifier 
        les situations ou les phénomènes étudiés pour 
        formuler les questions à traiter et trouver des optimums alternatifs. 
        Tout savoir n'est qu'une tentative de réponse à une question 
        qu'il s'agit de bien préciser : la pertinence de la réponse 
        dépend et varie avec la question. La pragmatique et l’analyse 
        systémique deviennent ainsi des démarches indispensables 
        à introduire dès l’école maternelle . 
        Des pratiques de modélisation et de simulation sont devenues également 
        des investigations de base. Elles prennent une place chaque jour plus 
        grande dans la recherche et dans l'innovation ; elles présentent 
        des caractéristiques propres très formatrices. 
         
        3. Développement d'une expérience actuelle 
        Sous cette direction, deux aspects différents au premier abord 
        mais tout à fait complémentaires sont regroupés. 
        D'une part, il est nécessaire que le jeune s’approprie une 
        « expérience » -au sens premier- par rapport aux objets, 
        aux phénomènes avec lesquels il est en contact. D'autre 
        part, il importe qu’il entre en contact avec les savoirs les plus 
        actuels. En effet, si les savoirs les plus récents ne sont pas 
        toujours les plus pertinents sur le plan de l'apprentissage, leur existence 
        et leurs intérêts ne peuvent plus être passés 
        sous silence. Si l'on veut permettre à la grande majorité 
        des jeunes de décoder les informations présentées 
        par les médias sur les dernières découvertes et les 
        ultimes innovations technologiques, si l'on veut éviter un décalage 
        trop grand entre les scientifiques, les ingénieurs et les citoyens, 
        une éducation scientifique et technique doit pouvoir fournir un 
        certain nombre de repères .  
        Un premier inventaire de ces savoirs et pratiques les plus importantes 
        (ainsi que de leur niveau optimum de formulation) peut être envisagé 
        pour la scolarité obligatoire à travers le découpage 
        suivant : 
        - corps, 
        - cerveau 
        - biosphère (environnement) 
        - technosphère 
        - univers (matière, énergie,..) 
        Pour chaque dimension, un découpage plus fin peut être envisagé 
        ; ci-joint une approche de la dimension cerveau : Dimension cerveau.  
         
        4. Gestion du savoir autour de concepts organisateurs 
        L’organisation des connaissances à promouvoir doit permettre 
        à chaque jeune de fédérer la masse des données 
        actuelles et en développement. Ceci afin qu’il ne soit pas 
        perdu ou dépassé par le flot continuellement renouvelé 
        d’informations. Cette organisation doit servir de cadre intégrateur, 
        pour permettre à chaque niveau de la scolarité l'enrichissement 
        du savoir et sa reformulation (au fur et à mesure que des questions 
        plus complexes sont abordées). Dans le même temps, elle doit 
        prendre en compte le fait que la connaissance n'est ni accumulative, ni 
        acquise directement, mais élaborée sur un temps souvent 
        très long par reformulations successives. Enfin, une telle organisation 
        doit avoir pour but de promouvoir le savoir en tant qu'outil . Elle doit 
        conduire à apprendre à structurer les connaissances et à 
        les gérer. Elle doit entraîner l'apprenant à se situer 
        par rapport à elles, à connaître leurs domaines de 
        validité ... et même à en produire !  
        Pour répondre à de telles contraintes, une dizaine de concepts 
        organisateurs (voir figure ci-dessous), pourraient servir d’organisateurs 
        de la pensée ; ces "bases" (énergie, matière, 
        information, temps, espace, organisation, mémoire, régulation, 
        identité,..) permettraient de fédérer les multiples 
        informations. Elles pourraient permettre de se repérer et de renouveler 
        l’imaginaire des jeunes.Première ébauche de concepts 
        structurants 
         
        5. Permanence d'un savoir sur le savoir 
        Le savoir a peu de chance d'être fonctionnel s'il ne s'accompagne 
        pas d'une réflexion épistémologique et éthique. 
        Celle-ci s’avère double : d'une part, elle doit centrer le 
        jeune sur les "ressorts" internes aux approches scientifiques 
        et techniques :  
        - Comment s'élaborent et fonctionnent les divers savoirs ?,  
        - Quelles sont les différences entre les types et en particulier 
        entre les savoirs techniques et scientifiques ?  
        - Quelles sont les particularités d’une approche santé, 
        environnement ou développement durable ? 
        Une attention toute particulière peut porter d’une part : 
        - sur la relation entre les faits et les théories, questions et 
        hypothèses,  
        - sur les réseaux de concepts, sur les logiques argumentatives 
        et  
        - sur l'intérêt opératoire des modèles. 
        D'autre part, il apparaît important d’introduire les sciences 
        et les technologies dans leurs dimensions sociales. Il s'agit de «faire 
        passer » l’idée que ces approches sont une merveilleuse 
        aventure humaine avec les risques qu'elles présentent encore, leurs 
        réussites, leurs échecs, leurs perspectives. Et cela au 
        travers de leurs histoires, celles des grandes révolutions scientifiques, 
        de l'évolution aux mutations génétiques, la tectonique 
        des plaques… et des hommes qui en ont été les acteurs 
        (Copernic, Newton, Lavoisier, Mendel,..).  
        Enfin, un regard critique sur les savoirs maniés devient également 
        une nécessité. Une réflexion sur la science, sur 
        les liens entre savoirs scientifiques, culture et société, 
        ou encore entre savoirs et valeurs devient autant importante que les savoirs 
        eux-mêmes. On pourrait par exemple permettre aux jeunes de s'interroger 
        sur les « réponses » que portent les techniques ou 
        sur leurs limites (téléphone portable, OGM ou thérapies 
        géniques, par exemple) . 
         
          
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