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Éducations à l'environnement
et au développement durable |
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De la prise de conscience à l’action
ou 25 ans d’EE en Europe…
André Giordan
Education par l’Environnement, Education relative à l’Environnement, Education pour l’Environnement,.. ? Approches sensible, manuelle, intellectuelle,.. ? Investigations sur patrimoine, milieux protégés, milieux urbains,.. Depuis 25 ans, des actions de communication et d’éducation ont été entreprises. Cependant l’environnement continue à se dégrader. Et trop d’opérations de formation sont faites avec enthousiasme certes, mais avec l’illusion qu’il “suffit de “sentir”, de “dire” ou de “faire”. Les évaluations entreprises les montrent très limitées
A partir des recherches didactiques entreprises, un certain nombre de “garde fous” doivent être impérativement mis en place, notamment par le biais de processus d’évaluation et de mutualisation. De même, des paramètres facilitateurs peuvent être mis en avant, tant en matière de projet éducatif qu’en matière de stratégies de formation; des outils pour les formations des enseignants, des médiateurs et des formateurs peuvent être également avancés.
Malgré les travaux des scientifiques, le dévouement des militants, les mesures prises par les Etats, la percée du "fait écologique" dans l'opinion par le biais des grands médias, l’environnement continue de se dégrader. Cette détérioration est aggravée par les déséquilibres grandissants entre les pays riches et les pays pauvres et par l’absence de volonté politique de mettre en place des régulations planétaires. Le comportement récent de plusieurs grands pays industrialisés de ne pas ratifier la Charte de Kyoto en matière d’émission du dioxyde de carbone dans l’atmosphère en est encore un bel exemple.
Quatre constats majeurs
Quatre problèmes majeurs s'imposent actuellement. Ils se nomment : laminage de la biodiversité, expansion des consommations énergétiques, accélération des pollutions globales et accumulation des déchets. En effet, avant même d'avoir pu répertorier toutes les espèces végétales et animales sur notre planète, l’espèce humaine en éradique par prédation directe ou par destruction de leurs milieux naturels, deux à trois douzaines chaque jour... Ce faisant, elle se prive non seulement d'un spectacle merveilleux et gratuit, mais elle limite fortement le moteur de l'évolution du vivant et ses ressources naturelles.
Par ailleurs, les sociétés humaines ont toujours recherché des matières premières ou des sources d'énergie plus performantes. Or sur ce dernier plan, faute de développer les énergies “renouvelables”, elles en viennent à dépendre lourdement des ressources fossiles, quitte à les épuiser ou à ouvrir la boîte de Pandore du nucléaire. Certes l’industrie a réussi à stabiliser, voire à décélérer sa consommation, mais ces gains sont annihilés par l'augmentation des consommations individuelles. Le transport automobile, largement développé dans la société occidentale compte seul pour plus de 40% dans la pollution de l'atmosphère. Or, bien au-delà de l'air que nous respirons, les conséquences en sont désastreuses au niveau de la biosphère, notamment par les pluies acides ou l’effet de serre.
Dans le même temps, l'énorme accroissement des activités humaines -en un siècle, la production industrielle a été multipliée par cinquante- débouche sur une pollution globale de la Terre : pollution des eaux et de l'air, accumulation des déchets. Or les possibilités de recyclage des déchets par la nature diminuent au rythme de sa croissance économique et démographique. En matière de déchets nucléaires, les pollutions actuelles auront des retombées pour 100000 à un million d’années !..
Cette dégradation écologique est aggravée par des contradictions économiques, sociales et culturelles portées à leur paroxysme par des conflits d'intérêts. La mondialisation domine non seulement le champ économique, mais également les systèmes technologiques, les modes de vie quotidienne et jusqu'à l'imaginaire social : l'horizon mental s'est élargi à toute la planète. Cette mondialisation met en position hégémonique des firmes inter-, multi- ou transnationales, tandis que les systèmes productifs sont de plus en plus dépendants à la fois de matières premières et de débouchés plus lointains.
Les Etats apparaissent alors démunis pendant que se creuse l’écart entre ce qu’on nomme schématiquement le “Nord” et le “Sud” (1).
Ces hypothèques sur l'avenir sont encore aggravées par l'expansion démographique qui se poursuit chez les plus pauvres. Cette expansion est sans précédent : d'un peu plus d’un milliard d'habitants au début du siècle dernier, à près de six milliards aujourd'hui. Sur les dix milliards d'êtres humains qui peupleront la Terre dès le milieu du siècle -sauf catastrophes naturelles, épidémiques ou technologiques-, près de neuf milliards se compteront dans les pays en voie de développement. L'extrême pauvreté s'enferme alors dans un cercle vicieux paralysant le développement. Elle incite à une surnatalité qui renforce le sous-développement. Elle arrache à leurs terres des populations paysannes qu'elle brasse dans d’immenses mégalopoles où se mêlent toutes formes de misères, de violences et de maladies.
L’importance de l’éducation
Nombre de problèmes graves d'environnement observés ne sont pas dus uniquement à une mauvaise gestion humaine des ressources naturelles et des écosystèmes. Ils s'expliquent aussi par une gestion reposant sur des décisions erronées prises au niveau local, voire national et international, sans tenir compte suffisamment des impératifs majeurs de l'environnement.
La mauvaise application des réglementations et des instructions est souvent la conséquence de l'ignorance, du manque d’éducation de la population et/ou de formation inappropriée des décideurs et des industriels.
De nouvelles modalités pour une éducation relative à l’environnement favorisant le développement est un challenge pour ce début des années 2000. Le projet d’une telle éducation qui dépasse largement le seul niveau de la formation initiale et scolaire est de sensibiliser, fournir des connaissances et des compétences et préparer à l’action.
Dans le même temps, cette formation devrait pouvoir réorienter et donner un souffle nouveau aux problèmes éducatifs et culturels, tant sur le plan initial que tout au long de la vie.
Le point de départ
C’est la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement humain de Stockholm (1972) qui recommande à l’UNESCO de mettre au point un programme d’éducation relative à l’environnement, destiné à tous les publics. Pour répondre à ce défi et permettre le développement d’une nouvelle approche de l’environnement au sein d’une stratégie internationale, l’UNESCO conçoit un cadre conceptuel, une stratégie pédagogique et des modalités d’action.
Le point de départ officiel de ce qui sera le premier Programme International d’Education relative à l’Environnement (ou PIEE) fut la conférence de Belgrade (1975). Il sera enrichi lors de la conférence intergouvernementale de Tbilissi (1987) qui fut sans doute le point d’orgue de cette phase institutionnelle.
Ces deux événements permettent notamment de dégager quelques principes fondateurs, toujours d’actualité :
- l’environnement est une réalité complexe, multidimensionnelle qui implique que toute action le concernant -éducation y compris- adopte une approche holistique et interdisciplinaire,
- l’enjeu et la problématique de l’environnement n’est pas de préserver la nature pour elle-même mais comme support du développement actuel et futur de l’humanité,
- l’éducation relative à l’environnement n’est pas une nouvelle discipline mais un moyen pour enrichir le contenu des disciplines existantes (concepts nouveaux, introduction des dimensions attitudes, méthodes et clarification des valeurs) et les formes et les modalités de l’éducation en général,
- l’éducation relative à l’environnement ne doit pas rester une vue de l’esprit, elle doit s’enraciner dans le quotidien, stimuler l’initiative, la recherche de solution, la participation sociale dans une concertation d’intérêt.
- l’éducation relative à l’environnement doit préparer en priorité les populations à mieux gérer -en tant que producteur, consommateur et aménageur- leurs relations avec l’environnement.
Ce programme fut enrichi, sur le terrain, par des conférences régionales et complété par une série de recherches, dont la recherche INRP-UNESCO-PNUE (1976 à 1980) qui joua un rôle pilote pour promouvoir des outils pour la formation des enseignants et des formateurs. Depuis les initiatives se sont multipliées sur le plan local dans pratiquement tous les pays. Cette préoccupation a été reprise dans de multiples conférences internationales, notamment celle de Rio (1992) qui a consacré à travers l’Agenda 21 le concept de “développement durable” (sustainable development).
Premier bilan d’une éducation relative à l’environnement
Après 25 années d’éducation à l’environnement, un premier bilan mondial peut être établi. Sur le terrain et par secteurs, un certain nombre d’éléments marquants peuvent être précisés. Sans aucun doute, ce furent les grands médias (journaux, télévision et radio) qui ont le plus contribué à éveiller l’opinion publique. Tous ont traité les principaux problèmes (pollutions par hydrocarbures ou nucléaires, désertification, etc.) et approché les questions globales liées à la biosphère (couches d’ozone, effet de serre, démographie, etc.).
Toutefois, leur impact en matière de formation de la population reste encore limité. Les médias traitent essentiellement de l’événementiel ou de l’anecdotique, ils ne peuvent faire acquérir ni des méthodes de travail, ni des concepts de base. Le risque le plus fréquent dont ils n’ont pas toujours conscience est de désinformer. Ils banalisent les sujets ou insufflent l’illusion d’un savoir. Le public a l’impression de connaître quand il “répète” des mots comme “pollution”, “effet de serre”, “trou d’ozone”. Malheureusement, ce savoir est rarement opératoire. Au contraire, il empêche de poser les questions de fond, il ne conduit pas à mener des investigations pour en savoir plus.
Sur la lancée, des organisations non gouvernementales, des associations de défense de la nature, des groupes d’écologistes ou de consommateurs se sont créés et développés. Quoique disparates, ils ont largement contribué à cette prise de conscience. Des opérations de sensibilisation spectaculaires reprises par les médias ont été effectuées. De leurs rangs, sont sorties quelques personnalités marquantes qui se retrouvent sur le terrain médiatique ou politique. Toutefois, ces organisations sont caractérisées par un “bon vouloir” écologique et politique. Ce dernier masque souvent une absence de méthodes de travail, tant pour aborder les problèmes que pour les solutionner. Il en résulte beaucoup de spontanéisme dans les changements souhaités (2). Dans le même temps, elles perpétuent beaucoup d’illusions pédagogiques.
De nombreuses administrations nationales ou régionales, des entreprises privées publiques ont compris l’importance du mouvement de “protection” de l’environnement. Elles ont développé des formations en la matière ainsi que des services spécialisés. A ces fins, elles ont promu une documentation importante, notamment à l’intention des décideurs ou du grand public. Toutefois cette documentation n’apparaît pas toujours pertinente sur le plan de la prise de conscience des problèmes comme le démontre un ensemble d’évaluations. Très souvent, l’information reste trop influencée par la publicité et les techniques de communication. Elle constitue une sorte de “faire-valoir” de l’entreprise ou des élus. Même quand elle cherche à informer, elle demeure fréquemment illisible ou incompréhensible.
Les grandes administrations nationales ou locales ont joué également un rôle plus positif en créant des structures d’information ou des lieux d’accueil pour des activités environnementales. Ces structures sont toujours “porteuses” de potentialités tant en ressources humaines que matérielles. Mais ces structures restent en nombre insuffisant par rapport aux demandes. Elles manquent nettement de moyens et leur personnel reste encore insuffisamment formé pour approcher les questions complexes.
Sur le plan de l’éducation formelle, des Commissions de réflexion ont vu le jour dans la plupart des Etats. Au sein de la scolarité obligatoire, des programmes, des curriculums ont été réorientés et des recommandations ont été insufflées. Des activités, du matériel ou des objectifs ont été produits et un certain nombre d’enseignants ont été sensibilisés. Des ateliers, des projets ont été menés à terme avec un certain succès dans les écoles. Des actions de sensibilisation ont eu également lieu dans l’enseignement secondaire supérieur ou dans l’enseignement professionnel en relation avec les métiers. De plus, des filières spécifiques ont été mis en place dans l’enseignement universitaire. Des réseaux, souvent associatifs, pour regrouper les enseignants ou les animateurs se sont également développés. Ils proposent des séminaires de formation, des ressources pédagogiques ou encore des sites Internet très riches.
Toutefois, dès que l’on fait des enquêtes, on constate que l’implantation d’une éducation à l'environnement dans le système éducatif formel s'avère encore très faible. Au mieux, de 5% à 10 % des élèves dans les pays européens ont été “sensibilisés” par une première approche.
En outre, l’impact qualitatif -en terme d’acquisition de méthodes et de concepts- auprès des élèves reste très limité. L’acquisition de démarches de pensée spécifiques, comme la démarche systémique, la pragmatique ou la modélisation restent des plus balbutiantes. La maîtrise des concepts principaux (aménagement, ressources, développement durable, etc.) n’est pas assurée.
Sous le vocable d’éducation à l’environnement, on continue à traiter des thèmes classiques, on pratique une pédagogie du milieu sur des lieux privilégiées, à composantes géographique, historique ou naturaliste. Peu de propositions portent sur l’environnement urbain ; les composantes économiques en terme de production et de consommation sont la plupart du temps oubliées. Les valeurs et les paradigmes qui soutendent les actions sont rarement interrogées.
De même, les cursus universitaires habituels -à l’exception des parcours spécialisés dans le domaine- n’ont pas de sensibilisation dans leur programme. Quant à la formation des adultes, elle reste très restreinte : on peut répertorier seulement quelques apports d’informations auprès des professions liées à l’environnement, des administratifs des collectivités locales ou des politiques. La grande majorité des ingénieurs ou des techniciens ne reçoivent même pas une simple initiation dans leur formation initiale.
Caractéristiques d’une éducation pour l’environnement et le développement durable
L'éducation à l'environnement et au développement durable peut être le lien qui favorise l'articulation entre les exigences propres au développement et la prise en compte de la dimension “environnement”, et les choix culturels et politiques des citoyens. Mais, à elle seule, la seule formation initiale ne paraît plus suffisante. L'expérience prouve que sans la participation active des citoyens, il n'y a ni développement social et culturel, ni croissance économique soutenue. Il s'agit donc d'élaborer également à l'intention des citoyens un corps commun d'apprentissages leur permettant de développer leurs capacités à résoudre les problèmes et à participer efficacement et de manière responsable à la prise de décisions politiques et économiques que suppose la mise en oeuvre d'un développement soutenu et durable (3).
Cela implique à côté de l’école obligatoire une autoformation ou une formation continue où les médias ont une place importante à jouer ainsi que la formation professionnelle dans les entreprises. Dans cette perspective, les innovations pédagogiques, autant que les changements institutionnels relatifs aux modalités d'organisation et de gestion des actions éducatives deviennent une priorité. En effet, une part de l'échec des stratégies éducatives existantes est le résultat de modalités de gestion de l'éducation qui ont conduit - aussi bien dans les pays en développement que dans les pays industrialisés - à un isolement croissant des processus éducatifs par rapport aux demandes de la société.
A court terme, cette direction peut se traduire en termes de projet éducatif (objectifs) et de stratégies didactiques.
Projet éducatif
En matière d’Education à l’Environnement, il est admis qu’il s'agit bien davantage de permettre aux individus de comprendre et d’agir plutôt que de simplement acquérir des connaissances factuelles. Il devient par exemple impossible de pouvoir mémoriser tous les savoirs notionnels nécessaires pour aborder les divers problèmes.
La maîtrise de l’information devient une compétence indispensable à acquérir. Toutefois, elle est très délicate sans quelques repères. Un tel projet éducatif implique l'identification claire et l'explication de concepts organisateurs. Un premier champ de concepts organisateurs peut ainsi être avancé, il peut servir de “noyau d’ancrage” :
Concepts structurants pour une éducation à l’environnement et au développement
Mais au-delà des savoirs notionnels, une éducation pour l’environnement et le développement ne doit pas perdre de vue qu’elle a pour but de transformer des comportements. C’est d’abord une attitude de concernation et de responsabilité pour chacun des individus qu’elle se doit de développer. Ce sont également des démarches d’investigation présentant des caractéristiques nouvelles par rapport aux méthodes habituellement pratiquées, notamment à l’école ou en formation. Ces dernières ne sont jamais les retombées automatiques d’une éducation centrée sur des connaissances.
Au plan des savoirs-faire, il convient tout particulièrement de savoir clarifier une situation complexe. On retrouve ici l'approche systémique et la modélisation. D’autres attitudes ou méthodes sont encore prioritaires comme le propose le tableau ci-dessous :
Tableau d’objectifs d’attitudes et de démarches
Une éducation aux valeurs a aussi un rôle fondamental dans cette éducation. Le but d’une Education pour l’Environnement et le développement durable n’est toutefois pas d’inculquer des valeurs précises ou une éthique universelle. Bien au contraire, elle devrait permettre de progresser dans la recherche de valeurs mieux adaptées à une survie de l’humanité et à une meilleure gestion des ressources, y compris à long terme. A court terme, cette éducation peut seulement faire prendre conscience qu’il existe des choix possibles et que ces choix ont été déterminés selon des critères.
Modalités pratiques d’une stratégie éducative
L’éducation traditionnelle, trop abstraite et trop parcellisée, n’engage pas à affronter la complexité de l’environnement. Elle ne crée pas le goût ou l’imagination pour la recherche de nouvelles alternatives de gestion, elle n’incite pas à la création de nouvelles attitudes favorables.
Une Education pour l’Environnement a pour projet de mettre en question les idées “fausses” et les comportements inadéquats concernant l’Environnement. Une Education pour l’Environnement n’est donc pas quelque chose de simple et d’évident à mettre en place. Plusieurs caractéristiques doivent être pris en compte :
Principales caractéristiques d’une EE
En effet, une Education à l’environnement vise à permettre aux apprenants :
- de prendre conscience des situations qui posent problème dans leur environnement proche (une pollution ou une nuisance spécifique, une question de gestion d’espace ou de ressources) ou dans la biosphère en général (surpopulation, désertification, déforestation),
- d’en élucider les causes (ou du moins les éléments principaux à l’origine),
- de déterminer les moyens ou les démarches propres à les résoudre.
Nous nommons cette approche : une pragmatique. Les disciplines classiques ne sont plus suffisantes pour approcher les problèmes actuels. Cette autre démarche suppose :
- d’identifier les éléments du système, le contexte dans lequel ils se situent et les lois régissant leurs interactions,
- de transcrire cette “description” en système pour envisager des synergies entre les causes et
- d’inventer des solutions moins dommageables à l’environnement, enfin
- de faire des scénarios pour mettre en évidence des évolutions possibles.
Les apprenants doivent surtout apprendre à identifier, hiérarchiser et articuler des impératifs d'ordre politique, économique, social et écologique à propos de problèmes d’environnement, de gestion des ressources ou dans un processus d’aménagement, de planification. Il convient qu’ils aient pris conscience des corrélations existant entre les phénomènes, les situations et les divers paramètres qui peuvent intervenir. Une modélisation et des simulations peut les y aider.
Dernier point à ne pas éluder, celui des valeurs. Les problèmes d'environnement ne sont pas le produit d’une fatalité. Leurs causes sont moins au niveau des contraintes (physiques, géologiques, biologiques, météorologiques, etc.) qu’au niveau des choix effectués par des hommes. Or ces choix reposent sur des valeurs, le plus souvent éthiques, parfois esthétiques.
Pour introduire cette dimension, encore faut-il le faire de façon “homéopathique”, en discutant avec suffisamment de recul les options et leurs conséquences !.. Les jeux de rôle, l’apprentissage de la négociation, la prise décision constituent des outils appréciables dans le cadre de projet d’innovation. L’évaluation est alors un autre outil à développer dès la formation.
Perspectives immédiates
L’Education à l’environnement et au développement durable reste à la croisée des chemins. Vivement souhaitée, elle est envisagée de plus en plus fréquemment comme une nécessité. Pourtant, on ne constate pas de généralisation notable. Des tentatives “pionnières” sont effectuées par des enseignants et des animateurs, des formations professionnelles sont mises en place jusque dans le entreprises, mais elles ne s’étendent pas. Tout paraît un perpétuel recommencement...
Une telle éducation est ainsi confrontée à un double défi. D'une part, elle doit concevoir des approches éducatives ainsi qu'une nouvelle organisation des processus éducatifs qui tiennent compte de la complexification croissante due à l'imbrication des problèmes. D'autre part, cette formation doit accroître l'efficacité fonctionnelle des processus éducatifs en ciblant mieux leurs principaux destinataires, en particulier les citoyens et les partenaires de la vie socio-économique dont l'influence est décisive dans la définition des stratégies de développement.
Il ne s’agit donc plus seulement d’entreprendre des actions d’Education à l’Environnement, il est surtout nécessaire de mieux les penser d’une part et d’autre part de se donner les moyens et les outils pour les réaliser avec une rentabilité optimale, notamment par le biais de processus d’évaluation. Mais pour commencer, la mise en place de cette éducation passe par un effort de recherches didactiques et par une formation des personnels chargés d’animer cette évolution : enseignants et animateurs.
Sans eux, aucune évolution n’est possible. Les meilleurs programmes d'études et les meilleures structures de formation ne peuvent avoir les effets désirés, si ceux qui en ont la charge n'ont pas assimilé les objectifs d'une telle éducation, s'ils ne maîtrisent pas les caractéristiques des publics visés et s'ils ne sont capables ni de conduire l'apprentissage et les expériences qu'elle comporte, ni d'utiliser avec efficacité le matériel ou les structures à leur disposition. Ces différentes directions devraient d’ailleurs ne pas être envisagées de façon indépendante. Dans l’état actuel du domaine, il est préférable de penser à une synergie entre ces différents paramètres.
Pour en savoir plus - sur le plan pratique :
A Giordan et C Souchon, Une éducation pour l’environnement, Z’Editions, 1991 - sur les nouveaux modèles d’apprentissage et sur le modèle allostérique :
A Giordan, Apprendre !, Belin, 1998
A Giordan et G De Vecchi, Les origines du savoir, Delachaux, 1987
(1) Ce face à face Nord/Sud ne s’inscrit pas simplement sur les cartes. Le Sud passe également très souvent par les banlieues des grandes villes industrielles du Nord.
(2) Il ne suffit pas de réclamer la participation à la gestion, il faut pouvoir l’exercer. Ce bon vouloir peut parfois même se réfugier dans des comportements irrationnels ou passéistes, de plus en plus fréquents.
(3) Sous le vocable Education relative à l'Environnement s'est exprimée une grande variété d'approches spécifiques, mais aussi nombre de dérives liées au poids d'une discipline ou à l'influence de certains types de sensibilité. Dans le cadre d’une Education pour l'Environnement et le Développement dont les "objets" sont non seulement les problèmes d'environnement mais aussi ceux de l'utilisation et de la gestion des ressources impose que l’on sorte d’un point de vue strictement naturaliste et conservationniste. La référence à l'économie, aux analyses des institutions, à la sociologie et aux autres sciences humaines dans leurs aspects fondamentaux est indispensable. Il devrait être évident que les problèmes d'environnement sont le produit de l'activité humaine et essentiellement celui de l'activité économique, et ceci pour n'importe quelle communauté ou pays ou région quel que soit son degré d'industrialisation, de développement...
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