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Comment mettre en place un projet d'EEDD
et l'évaluer

André Giordan et Christian Souchon


Extraits de A. Giordan et S. Souchon, Une éducation pour l'environnement, vers le développement durable, Delagrave, 2008

Arrivés à ce point du livre avec un ensemble d’outils de formation, la tâche n’est pas encore finie. Reste une mise en place concrète. Certes j’ai acquis des données sur comment réaliser un projet, comment clarifier et gérer les valeurs, comment mettre en place une transdisciplinarité, comment connaître et prendre en compte les conceptions des apprenants. Certes je sais comment définir des objectifs et lesquels ou encore établir une progression.

Mais au fait, comment mettre en place un projet ? Il ne suffit pas de connaître les apprenants pour pouvoir mener de front une activité avec 25 ou 30 gamins. Encore faut-il savoir préciser les divers éléments du contrat éducatif (objectifs, stratégies pédagogiques, aides didactiques et moyens divers). Encore faut-il mener ce projet jusqu’à son terme.
Concrètement, l’enseignant, l’animateur doit savoir :
- envisager une planification,
- prévoir des intervenants extérieurs, ou encore
- louer un car ou rechercher le document adéquat pour susciter un questionnement, etc..
Devant l’impossibilité de tout prévoir à l’avance, il est important de réguler et d’évaluer le projet. Quel a été l’impact de l’action entreprise ? Le message est-il passé ?

L'évaluation apparaît alors comme l'élément complémentaire de l'innovation dans la promotion des activités de EE. On pourrait même ajouter qu’elle est une nécessité dans ce domaine. Trop d'actions se limitent à n'être qu’un discours, ou du "faire pour  faire". Trop de stages présentent des objectifs flous ou multiples. Certes on a envie de bien faire, certes on est parfois un peu militant. Mais qu’ont appris réellement les jeunes ou les plus grands, en terme d’attitudes, des démarches d’investigation ou de connaissances ?
On peut être étonné parfois. L’activité semble avoir marché. Les élèves ont été intéressés, ils ont joué le jeu. Ils ont réalisée une belle exposition, Monsieur le Maire est même venu à l’inauguration. On s’est fait plaisir. Très important cela. Mais un mois après, pas grand chose n’est resté. Parfois les apprenants n’ont presque pas progressé.
Ils ont seulement aidé le maître à faire son projet ? Trop grande était la distance entre les intentions de l’équipe d’enseignants ou d’animateurs et ce qui est effectivement perçu par les apprenants, leur questionnement ou encore leur cadre de références.
L'évaluation peut être alors d’un grand secours, elle fournit des "feed-backs". Elle donne un retour sur ce qui est fait. Elle peut ainsi éviter le renouvellement d’un dysfonctionnement. En tenant compte des difficultés, il est possible envisager de faire autrement la fois suivante. L’erreur à ce niveau peut être aussi bénéfique. A condition d’en tirer toutes les conséquences, et de pratiquer différemment par la suite. C’est d’ailleurs le seule façon de progresser réellement en pédagogie !

Elle propose même des instruments pour la conception du projet. Dans l'industrie, personne ne conçoit plus de promouvoir un nouveau produit, sans l'avoir préalablement testé. Cette démarche est rarement envisagée pour une EE. Mais nous y reviendrons à la suite.

Mettre en place un projet

Mettre en place un projet d’EE, c’est d’abord savoir le définir. C’est ensuite le mettre en oeuvre jusqu’à son terme. Et pour cela, pouvoir le réguler. Voilà les trois principales phases.
Bien sûr il y a des nuances. La part personnelle est toute différente selon que l’on impose un nouvel atelier, que l’on mette en place un nouveau programme d’action éducative dans un établissement scolaire traditionnel ou que l’on réponde à la sollicitation d’un chef d’établissement, d’une équipe d’enseignants déjà motivés ou d’un responsable de Centre d’EE. Dans ce dernier contexte, un projet éducatif finalisé peut déjà existé, un protocole d’activités peut avoir été mis en place au préalable. Sa propre responsabilité ou sa propre initiative ne s’estompe pas. Bien au contraire, il faut savoir optimiser le projet d’EE, déjà en place. Il faut savoir l’adapter, voire le reformuler à la situation présente.

Mais, voyons d’abord plus précisément ce que signifient ces différents points ? Définir un projet. Le mettre en oeuvre et le réguler. Définir un projet éducatif signifie être capable de concevoir et d’organiser un ensemble d’activités éducatives. En d’autres termes, c’est :
- choisir des objectifs éducatifs possibles, généralement pour le moyen ou le long terme, et
- définir des niveaux d’exigence pour un public particulier.
Pour cela nous vous renvoyons respectivement aux chapitres 10 et 11.

Ensuite, il faut envisager les grandes lignes d’un plan d’action à mettre en oeuvre et concevoir dans le détail les séquences successives :
- quelle(s) situation(s) de départ ? Elle a une très grande importance car elle doit motiver l’élève et le faire entrer dans le projet.
- Quelles autres activités ? à quels moments ? Quelles activités d'investigation ? Quelles activités de structuration ? à quels moments ? Quelles activités de mobilisation ? à quels moments ? Pour cela nous vous renvoyons au chapitre .
Dans ces activités, qui va faire quoi : les apprenants, l’enseignant ou l’animateur ?  Pour les premiers, travailleront-ils tous sur le même sujet ? Se répartiront-ils les tâches ? Si oui individuellement, par groupes ?
Pour les derniers, quels types d'intervention, à quels moments ? Vont-ils seulement animer le groupe d’apprenants ? Vont-ils fournir un protocole d’enquête, des documents bibliographiques ? Si oui, à quels moments ? Selon les publics ou les contraintes diverses, ce peut être une pédagogie frontale, une pédagogie de situations-problèmes, une recherche autonome, etc.
Si le travail est interdisciplinaire, quel va être le rôle de chacun ? Comment va se faire la complémentarité et la coordination ?

- Où vont se passer les activités ? En classe, sur le terrain ? Dans une salle spécialisée de sciences ? Au centre de documentation ? Doit-on aller faire une investigation dans une entreprise ? Doit rencontrer un responsable ? Il faut envisager tous les détails, ira-t-on à pied ou en transport en commun ? Faudra-t-il louer un car ?
 
- Quelles ressources sont souhaitables pour parvenir aux objectifs qu’on s’est fixé ? Ces ressources peuvent être matérielles. De quel produit aura-t-on besoin pour faire telle analyse chimique de l’air ? Quelle carte est-elle la plus pertinente pour repérer la gestion de l’espace ? De quel matériel disposera-t-on pour l’exposition ?
Les ressources exigées peuvent être humaines. A quel spécialiste devra-t-on faire appel pour préciser tel point de législation ? Qui peut renseigner le groupe sur les nouveaux dépoluants ? Quelle personne dans l’établissement pourra aider à encadrer une sortie sur le terrain ? Et les familles ne peuvent-elles pas fournir quelques prestations. On envisage rarement de faire appel à elle dans un contexte scolaire ou de club.
Dans les deux cas, il faudra envisager des trésors d’inventivité. Parce quelque soit le budget de l’école ou du centre, il n’est jamais possible de faire face à toutes les dépenses nécessaires en moyens ou en personnel.
Certes, il n’est pas question de faire fonctionner un centre d’EE ou un système éducatif uniquement sur du bénévolat ou avec des bouts de ficelle. Mais il n’est pas non plus ni question de tout payer, ni possible de toujours l’envisager.
N’oubliez pas qu’un certain nombre de services ou de prestations peuvent être fourni gratuitement. De nombreuses entreprises ont des services de communication, les services régionaux de l’équipement, de l’aménagement ou de l’agriculture acceptent de renseigner, d’intervenir dans les classes ou de fournir de la documentation spécialisée. La proposition n’est pas exempte de contradiction, surtout lorsque qu’il s’agit d’un producteur d’engrais qui vous propose des document sur les nitrates, ou d’un pétrolier qui présente un document sur la gestion autoroutière. Mais cela fait aussi partie de la formation. Souvent les dossiers proposés aux jeunes sont bien montés et ces entreprises ont besoin de se dédouaner !
N’oubliez pas non plus qu’il existe aussi des budget spéciaux pour des activités extraordinaires, de prestige. Et cela à différents niveaux depuis l’établissement jusqu’aux divers services régionaux. Il faut un peu fouiner, les circuits sont divers suivant les pays. Tout est une question de temps à passer par rapport aux profits possibles car il y a des ressources insoupçonnées à glaner.

- Quelle quantité de temps est nécessaire ? Pour l’ensemble du projet et pour chaque activité ? A quel moment est-il préférable de prévoir du temps pour la concertation de l’équipe ?
Il faut  toujours prévoir une programmation. Celle-ci peut être hebdomadaire, s’il s’agit d’une simple activité ou d’un stage par exemple. Elle peut devenir mensuelle dans le cadre d’un atelier d’une demi-journée sur l’année. Pourquoi pas envisager un programme annuel ou pluriannuel... si l’on pense comme les auteurs de ce livre que ce type d’éducation est décisif pour les années à venir.
Mais construire un dispositif d’apprentissage avec une progression adaptée, ce ne doit pas être se fixer un cadre rigide et immuable. Ce ne doit pas être un carcan. C’est seulement envisager des possibles.
Pour garder une certaine fraîcheur ou pour pouvoir se renouveler dans les métiers de la communication ou de l’enseignement, il faut pouvoir continuellement laisser une certaine place à l’improvisation, à la spontanéité. Les apprenants découvrent une piste non prévue qui les étonne et les motive. Il ne faut pas craindre de l’enfourcher aussitôt. Un nouveau problème d’E vient sur le devant de l’actualité, pourquoi ne pas chercher à le comprendre immédiatement ? Même si celui-ci n’était pas prévu dans la planification première.
Pour vous permettre de bien comprendre la démarche d’esprit qui préside à une EE, prenons une métaphore musicale : l’improvisation n’a de succès que si il y a de la technique derrière ! Fixer vous de grandes directions, ne serait-ce pour vous rassurer ou en discuter au sein de l’équipe. Et puis essayez de faire au mieux en tenant compte du contexte. Les paramètres d’une classe ne se maîtrisent pas comme ceux de la chute d’un corps !

Car la phase de réflexion et de préparation terminées, se situe le plus délicat : la mise en place du projet éducatif. Plus question de rêver, il faut concrétiser son projet et réaliser ses objectifs. Après la (ou les) situation(s) de démarrage, il s’agit de mettre en place des activités diverses pour avoir quelques chances de toucher l’ensemble des apprenants.
Comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises, diverses périodes doivent alterner. Notamment des phases d’investigation sur le terrain ou sur documentation, entrecoupées de périodes de mise en commun pour structurer progressivement le savoir, planifier les solutions alternatives ou les actions éventuelles à entreprendre.
Des périodes de mobilisation des savoirs acquis par les élèves doivent également être incluses pour permettre à ces derniers d’en cerner l’intérêt ou l’opérationnalité relative.
L’enseignant, l’animateur n’oublie jamais qu’il ne suffit pas de “dire”, de “montrer” ou de “démontrer” pour faire passer un message. Encore moins pour changer un comportement. Les parcours de l’apprentissage sont des plus surprenants ! Il est vrai qu’ils sont personnels. Le modèle d’apprentissage allostérique est là pour l’établir : voir chapitre . Cela ne doit pas empêcher l’enseignant, (ou l’animateur) d’avancer quelques mots ou de suggérer des activités. Elles peuvent servir d’imprégnation, lancer sur une piste inconnue ou permettre des mises en relation.

Pour mener à bien de telles activités, l’animateur, l’enseignant se doit toujours d’être réaliste. Il prend constamment en compte son public avant d’intervenir. Il s’adapte donc à l’instant. Il propose ces activités en fonction des conditions matérielles (nombre d’élèves, horaires, espaces, matériels, personnes ressources).
Conservant à l’esprit ses objectifs, il utilise les réflexions, les démarches des apprenants qui lui semblent pertinentes. Il conseille, il argumente. Quand il pense qu’il doit intervenir plus directement, il le fait sur la démarche de ces derniers, ... même s’il sait que les interventions les plus efficaces sont les plus indirectes.

Un contrat de travail peut être passé avec la classe, un groupe d’élèves ou/et chaque élève individuellement. Celui-ci peut fixer le projet à réaliser et les conditions. Il peut fixer une répartition des tâches, des obligations pour les apprenants et pour l’équipe d’animation, etc.. Il peut même faire l’objet d’une discussion ou d’un protocole de discussion pour être réajusté périodiquement. Le temps prévu à cet effet ne doit jamais dépassé les 10% du temps d’ensemble.

Pour résumer la stratégie : l’équipe d’enseignants ou d’animateurs anime le travail du groupe. Elle facilite au mieux l’apprentissage de chaque apprenant, quitte parfois à rectifier une fausse piste ou à réprimander un manquement au contrat de travail passé.

Contrairement à ce que l’on pense habituellement, la mise en oeuvre d’un projet n’est pas la phase finale du processus éducatif. Bien sur on a pu réaliser ce à quoi on songeait mais encore faut-il qu’il ait apporté le message  ! Or avec la complexité du domaine, il est irréaliste de penser maîtriser la première fois toutes les conditions éducatives. Tout projet d’activités doit s’ajuster.
Plusieurs paramètres sont à prendre en compte : l’histoire du groupe, le contexte de l’apprentissage, l’actualité tiendront une place capitale parmi ceux-ci. Il s’agit alors d’apprécier l’efficacité des actions entreprises ou des aides-didactiques utilisées.
En particulier, il s’agit de repérer les obstacles à l’apprentissage et d’adapter les situations, les interventions ou les ressources. Cette rétroaction de l’action, selon les termes habituels de la cybernétique, implique que l’enseignant (l’animateur) soit à même :
- d’identifier l’état de l’apprentissage, par des indicateurs, et
- d’analyser les causes multiples de dysfonctionnement.
Parfois, il devra même inventer en “temps réel” des alternatives à la stratégie pédagogique utilisée. Il devra changer de situations, de type d’interventions ou de ressources. Peut-être même dans un stage il devra modifier son organisation et les interventions des divers intervenants. Bien sûr il fera pas cela à la légère. C’est à ce niveau qu’il est intéressant de mettre en place en parallèle un processus d’innovation à l’innovation envisagée.

Il faut ajouter que quand l’activité se situe dans le cadre d’un programme institutionnel ou d’un projet d’établissement, l’enseignant, l’animateur peut recevoir un certain nombre de directives  (curriculums, programmes d’enseignement, projets d’études suivant les cas). Elles peuvent être plus ou moins contraignantes.
Dans cette situation, l’enseignant, l’animateur ne doit pas toujours prendre au pied de la lettre les propositions formulées, il doit savoir contextualiser ou optimiser le projet ou le programme par rapport :
- à la situation dans laquelle il se trouve et
- par rapport aux apprenants : leurs demandes, leurs questions, leurs cadre de références.
Eventuellement, il doit convaincre sa hiérarchie de l’inadéquation entre les finalités et le public ou entre les finalités et les contraintes. Il aura d’autant plus de chance de faire “passer ses idées” qu’il a mis en place un processus d’évaluation qui mettre en évidence les défaillance du système. Si en plus il sait proposer des stratégies alternatives...et montre leur plus grande efficacité...
Tout est une question d’argumentation. Bien sûr cela prend un peu de temps et d’énergie.

 
AIDE-MEMOIRE POUR DES ACTIVITES D'ENSEIGNEMENT

Cet aide-mémoire est une chek-list, en d’autre termes un pense-bête. Il a pour but de lister la suite des paramètres à clarifier avant de démarrer votre activité.

PROJET D'ACTIVITES
- quel(s) thème(s) ? quel est son importance ? comment s’insère-t-il dans l’ensemble du programme d’activités ?  dans quel cadre va-t-il être traité ?

PUBLIC
- âge(s) et caractéristiques ?
- quelles attentes, quelles motivations, quels projets par rapport à la question à traiter ?
- quelles questions se posent-ils sur l’environnement ?
- quelles attitudes ont-ils, quelles démarches sont-ils capables de mettre en oeuvre ?
- quels savoirs maîtrisent-ils déjà ?
- quels autres savoirs nécessaires maîtrisent-ils déjà ?
Si je ne peux répondre précisément à ces questions, je prépare un questionnaire ou un guide d'entretien : il pourra me servir également de Pré-test.

CONTRAINTES
- quel est le nombre d'apprenants ?
- quelle est la structure d’organisation de l’activité (emploi du temps habituel, atelier, stage,etc.)
- quel est le temps à disposition (nombre d'heures, durée des séquences, fréquences) ? Quelles sont les possibilité de modification de l’emploi du temps) ?
- quels sont les intervenants (permanents avec quelle spécialisation ? intervenant ponctuels avec quelle spécialisation ?) quelles sont les possibilités de coordination entre les intervenants ?
- quels sont les lieux d’investigation dans l’établissement (salle de classe, centre de documentation, salles de sciences) ?
- - quels sont les lieux d’investigation hors de l’établissement ?
- quels sont les moyens matériels à disposition (matériels, aides didactiques, possibilités de déplacement, budget)?
- quels enjeux, quelles nécessités sociales pèsent sur le problème ?
- comment s'inscrivent ces activités dans le projet de l'institution ?
J’essaie d’expliciter les multiples contraintes et attentes directes ou indirectes de l’institution

OBJECTIFS POSSIBLES
- quel message faire "passer", en terme de savoirs ? avec quel niveau d'exigence ?
- quel message faire "passer", en terme de démarches ? avec quel niveau d'exigence ?
- quel message faire "passer", en terme d'attitudes? avec quel niveau d'exigence ?
- quel message faire "passer", en terme de clarification des valeurs? avec quel niveau d'exigence ?
- quelles sont les priorités ?
J'essaie d'expliciter les objectifs d’apprentissage et je les traduits en langage-apprenant, c'est à dire à travers les mots et les formulations que je souhaite qu'ils apprennent.

STRATEGIES PEDAGOGIQUES
- quelle(s) situation(s) de départ ?
- quelles activités d'investigation ? à quels moments ? avec quels intervenant (s) ?
- quelles activités de structuration ? à quels moments ? avec quels intervenant (s) ?
- quelles activités de mobilisation ? à quels moments ? avec quels intervenant (s) ?
- quels types d'intervention, à quels moments ?
- quelles aides didactiques, à quels moments ?
- quelle planification possible ?
- sur quelle(s) production(s) ou sur quelle(s) action(s) va-t-on déboucher ?
je prépare un ensemble de situations, d’interventions et de ressources pouvant me servir que j'utiliserai éventuellement en fonction de l’avancement du projet ou des difficultés rencontrées par les apprenants.
 
EVALUATION
- quel pré-test ?
- quel post-test ?
- quelles observations continues (éventuellement) ?
- quelles modifications d'intérêts et de motivations auprès des apprenants ?
- quelles modifications d'attitudes et de démarches ?
- quelles acquisitions de savoirs ?
- quelles obstacles persistent-ils ?
- quelles propositions de remédiation pour les prochaines activités ?
Je fais un bilan et je me félicite ou j’envisage sans attendre les modifications en terme d’objectifs ou de stratégies.

 

Evaluer un projet

L'évaluation est le complément de toute innovation, disions nous. Elle permet d'avoir un retour sur la pratique. Après une action de formation, les apprenants doivent être d'une certaine manière différents. Ils doivent au moins être sensibilisés au problème. Si l’action a été de longue durée, ils doivent avoir modifié leurs attitudes et leurs démarches, éventuellement acquis des connaissances. Peut-être même sont-ils alors capable de prendre leur responsabilité pour mener une action ? Si on ne trouve, chez eux, aucun prémisse de différence, le moins que l'on puisse dire c'est que le projet éducatif a raté.

Un bilan doit donc toujours être envisagé en même temps que l’on prévoit une action. Il devrait même être obligatoire pour les institutions qui reçoivent des fonds publics. La qualité d'une action entreprise devrait pouvoir être mise en évidence de façon globale. Ses divers composants devrait être également certifiés :
- le thème était-il motivant et porteur ?
- les activités étaient-elles adéquates ?
- le choix des documents, des  audiovisuels, des matériels d’investigation  était-il adéquats?
- les intervenants ont-ils été à la hauteur de leur tâche ?
- la planification et la coordination se sont-elles bien effectuées ?

Toutefois l'évaluation ne se cantonne pas à n'être un bilan. C’est ce nouveau concept didactique que nous aimerions “faire passer”. Elle peut devenir le moteur de la conception en rapprochant l’équipe d’enseignants ou d’animateurs avant même le début de l'action.
1. Elle peut permet tout à la fois de mieux cibler les attentes, les cadres de référence et les mécanismes de compréhension des publics que l’on souhaite touché :
- que souhaitent-ils connaître,
- quel savoir maîtrisent-ils,
- comment raisonnent-ils sur le problème envisagé ?
- comment s'approprient-ils le savoir ?
2. Elle permet de clarifier les objectifs et de les adapter aux apprenants :
- quelle sensibilisation obtenir ?
- quelle attitude et quelle démarche obtenir ?
- quel message faire passer ?
- avec quel niveau d’exigence ?
3. L’évaluation permet choisir, à réaliser puis à tester les stratégies éducatives ou les composants des produits envisagés. Elle peut aider à aller dans le détail de la réalisation. S’agit-il de monter une exposition, on peut évaluer les éléments de transposition muséologique (présentations, métaphores, analogies, modèles dans une pré-maquette. S’agit-il de faire un journal de vulgarisation, on peut tester la lisibilité, la compréhension et l’impact des articles ? etc..
4. L’évaluation peut s’inscrire dans un processus de formation. Elle évite à l’enseignant, à, l’animateur mais aussi au concepteur de stratégies éducatives, d’aides didactiques ou de musée de renouveler les même erreurs comme l’indique le schéma ci-après :

Modélisation simplifiée de la relation éducative en classe

 

Comment évaluer

Dans la pratique de l’évaluation, on peut distinguer à un premier niveau d’utilisation deux modalités :
- une appréciation a priori dite "d'expert",
- des sondages sur l’apprentissage des apprenants.
Toutes deux sont réalisées à l'aide de grilles d'analyse, sorte de “pense-bête”. Nous privilégierons dans ce livre la deuxième pratique qui est plus riche et plus formatrice pour des actions éducatives. Deux documents différents peuvent ainsi être utilisés :
- l'un appelé descriptif  inventorie un certain nombre d'indicateurs, il affine le jugement global dit "d'expert".
- Le second, dénommé évaluatif, précise les principaux paramètres de l’apprentissage.
Ces documents ont été construits pour être ensuite utilisés directement par des animateurs et des concepteurs dans leurs pratiques quotidiennes.

Un descriptif se présente comme une fiche de renseignements. Il permet l'identification d'un produit ou d'une activité :
– type, objectifs explicites,
– caractéristiques de l’activité,
- moment d'utilisation,
- aide didactique éventuelle, etc...

L'évaluatif informe sur la pertinence ou les limites d'utilisation d'une activité. En particulier, il précise l'adéquation entre les objectifs, le(s) public(s )et la conception  de l’activité. Il précise les apports éducatifs pour chaque type d’apprenant :
- intérêt, sensibilisation, questionnement éventuel,
- attitude ou modification d'attitude,
– lisibilité et compréhension des messages,  etc....
– acquis au niveau méthodologique, au niveau conceptuel,
Il  répertorie aussi les obstacles divers rencontrés sur les différents niveaux.  Mais surtout, l’évaluatif est construit de façon à permettre aux concepteurs, aux animateurs d'envisager les modifications à effectuer.

Le descriptif et l'évaluatif doivent être considérés comme deux éléments complémentaires, mais différents. Le descriptif informe sur les capacités théoriques d'un produit, l'évaluatif permet de repérer si ces capacités sont pertinentes (ou pas), compréhensibles (ou pas) pour un public cible, il suggère par là les conditions de son utilisation ou les modifications à introduire.
A titre d'exemples, nous proposons les Descriptif et Evaluatif élaborés pour des activités formelles ou informelles.

Mais comment procéder ? Le descriptif repose sur des observations en continu de l’activité. L'observateur qui peut être un membre de l’équipe décrit ce qui se passe et porte un jugement sur le contenu, la pertinence et l'adéquation par rapport au(x) apprenants(s).
Ce descriptif suggère un certain nombre d'hypothèses sur les potentialités et les faiblesses de l'exposition qui seront corroborées ou infirmées par les évaluations suivantes.
L'évaluatif, lui, est réalisé à partir différentes approches. Le plus simple est d’utiliser une méthode dite Pré-test/Post-test. A l'aide de questionnaires ou d'entretiens construits en tenant compte des objectifs envisagés, on essaie de repérer où en sont les apprenants avant l’activité. Puis on fait de même à la fin de l’activité ou un mois plus tard quand cela est possible.

Evaluation sommative

Cette évaluation sommative -car on fait un bilan- peut être complétée par des observations en continue (directes ou “armées” avec enregistrements magnétophoniques ou magnétoscopiques). Cette fois, l’observateur repère dans le détail :
- les procédures mises enjeu  par les apprenants, leurs façons de faire et de comprendre,
- les obstacles spécifiques à la compréhension.
L'étude peut être complétée par des analyses encore plus fines de certains moments ou des aides didactiques. Quelle a été la consigne ? Qu’a alors fait l’apprenant ? Qu’a-t-il compris ? A-t-il modifié sa façon de traiter le problème ? etc.. Dans ce cas, l’évaluation fournit des renseignements très précieux les effets de lisibilité, de compréhension, d'adéquation par rapport aux questions ou au cadre de référence du public visé.

Descriptif

Thème
Institution(s) où se déroule l’activité
Noms des concepteurs
Noms des financeurs
Lieu(x) où se déroule l’activité (classe, salle spécialisée de sciences, centre de documentation, terrain (urbain, rural, parc), centre spécialisé, entreprise)
Encadrements (permanents et intervenants extérieurs)
- nombre
- compétences
Ressources
- financières
- matérielles
Publics visés
- âge :
- caractéristiques
Objectifs
- sensibiliser à
- faire "passer" une impression
- développer des attitudes  
- développer des démarches
- développer des connaissances
- clarifier des valeurs
Activités
- type d’activités (cours, ateliers, spectacle, conférence, etc)
- temps total, nombre de modules et horaires 
- situation(s) de départ  (préciser le moment et le type)
- activités d'investigation ( enquête, études bibliographiques, études expérimentales, etc..)
- activités de structuration
- activités de mobilisation
- production réalisée
- action réalisée
Médiations de l’activité
-types d’intervention (préciser le moment et le type : pédagogie frontale, une pédagogie de situations-problèmes, une recherche autonome, etc..)
- répartition des tâches
Aides didactiques
- maquette
- dioramas
- livres
- visuels (photo, dessin et graphique, panneau,  interactifs, presse-bouton)
- logiciel
- audio-visuels (film, video, videodisque, diashow)

 

Evaluatif

Nombre d’apprenants
Intérêts suscités suivant les publics
- niveau de motivation
- niveau d'activités suscitées
- niveau production
- niveau action
- incitation vers d'autres activités
Acquis observables (objectifs atteints à court terme)
- au niveau attitude
- au niveau démarche
- au niveau connaissances
- au niveau sensibilisation
- au niveau clarification des valeurs
Apports de l’équipe d’animation
Apports du matériel d'appoint
Obstacles (éventuels)
- Interaction apprenants-activités
           - compréhension des questions traitées
           - compréhension des activités
           - compréhension du langage des aides didactiques
           - compréhension des symbolismes et des graphismes
           - compréhension des images
- Interaction apprenants-équipe de médiation
           - compréhension des situations
           - compréhension des interventions
           - compréhension du langage                   
Bilans : pertinence culturelle
- qualités et cohérence du contenu proposé
- adéquations entre objectifs et publics
- adéquations entre objectifs et activités
- conditions optimales d'utilisation
            - pré-requis souhaités
           - types d'aides didactiques complémentaires
           - apports de l'équipe d’animation
              . avant
              . pendant
              . après
           - environnement nécessaire
Modifications à introduire
           - niveau conception
                         - objectifs
                          - organisation générale
                        - horaires
           - niveau activités
                        - stratégie éducative
                        - interdiscipinarité
Rapport qualité-prix
           - comparaisons avec d'autres systèmes éducatifs possibles

 

L’évaluation s’inscrit alors dans un processus d’innovation :

 

 Descriptions de séquences particulièrement significatives

Des  descriptions microscopiques de certains moments de l'activité peuvent être intéressantes dans un processus de formation. En particulier si l’on travaille sur des enregistrements de classe. Ce travail peut se faire en situation de formation initiale à partir d'enregistrements de séquences de classe faite par les stagiaires eux-mêmes ou par d'autres stagiaires. Il peut se dérouler dans le cadre d'une équipe d'enseignants jouant tour à tour le rôle d'animateurs et d'observateurs.

On peut ainsi s'intéresser  :
- à l'organisation de la classe,
Comment travaillent les élèves (en grand groupe, petit groupe) ? Comment sont constitués les groupes  ? Qui décide du moment où on travaille en grand groupe ou petit groupe ?  ;
Quelles sont les règles de fonctionnement ? Qu'est-ce qui est autorisé ou non pour l'utilisation des locaux, de la documentation, du matériel ?  ;
Le compte-rendu est-il obligatoire ? Sous quelle forme ? Annoncé d'avance ? Quel est le mode d'évaluation?  ;
Les objectifs sont-ils connus des élèves  ? etc.. 

- au fonctionnement d’un groupe d'apprenants :
Comment se déterminent les tâches ?
Comment se répartissent les rôles ?  Comment évolue cette répartition au cours de la réalisation?  Y a-t-il contestation dans l'équipe ? 
Y a-t-il communication entre les groupes ou non pendant le travail en équipe et sous quelle forme  ? Quel est le réseau de communication : à qui s'adresse chaque élève ? Pour quoi faire ? Quelle sera la fonction ou l'utilisation ultérieure des produits de l'activité collective et individuelle ?
Les enfants participent-ils à la régulation des échanges, du climat de
la classe?  ;

- à la démarche des élèves :
Comment le travail commence-t-il ? Y a-t-il une question au départ ? Y a-t-il imitation (livre, une autre équipe) ou exécution de ce que le professeur dit ou suggère ? Quel est l’intérêt pour le problème ?  ;
Comment les élèves raisonnent-ils ? Quel est leur cadre de référence ? Leur système de valeurs?
Quel type de tâche et quel type de communication s'établissent dans les grands groupes et les petits groupes par rapport à une démarche de type scientifique ? 
Comment la remise en question du travail prévu (de la méthode, des représentations, des interprétations, des autres élèves ou de soi) peut-elle se faire ? 
Comment s’effectue la structuration ? Comment s’effectue la mise en relation des phénomènes qui, au départ, paraissent disjoints ?
Comment s’effectue la modification des représentations ? Quels sont les rôles des petits groupes (du grand groupe)  ? 

- au mode d'intervention du professeur :
quel est son rôle dans les petits groupes et les grands groupes ? Qu’apporte-t-il au moment des investigations ? Qu’apporte-t-il au moment des structurations ? Comment intervient-il ?
Quels blocages peut-on observer ? Etc..

 


SI VOUS DEVIEZ RETENIR UNE IDEE IMPORTANTE
SI VOUS DEVIEZ TENTER UNE EXPERIENCE

Il ne suffit pas d’avoir envie de faire quelque chose pour l’environnement pour réussir une action éducative quelle soit formelle ou informelle. Il faut savoir préciser les divers éléments du contrat éducatif (objectifs, stratégies pédagogiques, aides didactiques et moyens divers).

L’enseignant, l’animateur doit savoir prendre en compte les apprenants et les diverses contraintes.
Devant l’impossibilité de tout prévoir à l’avance, il est important de réguler et d’évaluer le projet.
Pourquoi ne pas chercher à objectiver l’impact d’une action entreprise ?