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Lire, écrire, compter : insuffisant ! »
André Giordan
On parle de nouveaux savoirs à l’école.
Quels sont-ils ? Sortons des habitudes et des évidences ! Les connaissances
importantes pour comprendre l’autre, le monde, la société,
ne sont pas à l’école... On est autant illettré
de nos jours si on ne possède pas les bases de la psychologie,
de l’économie, de l’urbanisme. N’oublions pas
que neuf enfants sur dix vivent dans les villes. On vit dans une société
de droit, l’enseignement ne fournit pas les quelques repères
indispensables. Au quotidien, on rencontre des personnes de cultures diverses,
peut-on faire l’économie de l’anthropologie ?...
Selon vous, peut-on considérer ces nouveaux savoirs comme des
savoirs fondamentaux ? Pourquoi ?
Lire, écrire et compter bien sûr, mais c’est tellement
insuffisant pour se situer... Ensuite sortons des lieux communs. On ne
lit pas pour lire, il doit exister une envie, une curiosité ou
un projet. Les savoirs auxquels l’élève est confronté
au quotidien le facilitent. Interrogeons-nous également sur ce
que veux dire « apprendre à lire » aujourd’hui...
Ce n’est plus seulement décoder, c’est comprendre,
c’est être capable de rechercher, de trier et de traiter des
documents, y compris audiovisuels. Il importe désormais de savoir
lire des images. Il s’agit encore de travailler très jeune
en hypertexte et en lecture rapide d’une part et surtout de s’interroger
sur la validité et la pertinence d’une information d’autre
part. On peut apprendre à lire au travers des repères actuels.
Par ailleurs, les maths sont grandement à « alléger
» dans leur aspect algorithmique et leur vocabulaire abscons. Elles
sont également à reconsidérer pour aborder des savoirs
devenus importants comme l’incertitude, l’aléatoire
ou la complexité. Et les langues étrangères... à
apprendre très jeunes ou la philosophie, c’est à dire
non pas les grands textes habituels mais un regard sur soi et sur le monde,
à envisager en parallèle dès la maternelle.
Estimez-vous qu’il existe des savoirs spécifiques à
l’école ou au contraire à la société
et à la famille ? Comment ces savoirs sont-ils liés?
Tout ne peut être appris à l’école bien sûr.
Mais que dire d’une école qui en reste aux savoirs de l’époque
où elle a été créée. Ou quel sens a
une école qui fonctionne sur elle-même ? Elle ne peut générer
que l’ennui et la sélection sociale. Les savoirs de l’école
ne doivent-il pas préparer l’enfant à la société,
à la vie en général ? La consommation effrénée,
à commencer par les cartables à la mode, la télévision
ne devraient-elles pas être interrogées à l’école
? Heureusement beaucoup d’enseignants l’envisagent même
si ce n’est pas aux programmes. Je ne peux que les encourager.
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